
L’inflation est à la fois «mondiale» et «multifactorielle», elle demeure très forte et l’on ne sait pas si elle va s’arrêter là où elle va augmenter, commentent des experts algériens.
L’inflation galopante est en train de gagner tous les pays, notamment développés, en voie de développement et même les pays pauvres. Elle menace les grandes économies et peut aggraver les difficultés économiques de certains pays qui ont atteint un taux d’inflation de plus de 50 %, a-t-on commenté.
«Les taux d'inflation enregistrés actuellement dans certains pays n’ont pas atteint un tel niveau depuis au moins deux décennies», ont relevé des experts, citant l’exemple des Etats- Unis, qui n’ont pas enregistré un tel niveau d’inflation (8,3 %) depuis 1981.
L’Algérie n’est cependant pas en reste. Les prix de certains produits de base sur le marché local demeurent inaccessibles. Le dernier chiffre dévoilé par la Banque d’Algérie faisait état d’un taux d’inflation de 9,2%, en hausse de 5,96% sur une année. S’exprimant sur ce point, l’expert en économie, Abderrahmane Hadef, a estimé que le phénomène d'inflation se «retrouve aujourd'hui au centre des préoccupations de l'ensemble des pays à travers le monde». Il existe plusieurs facteurs conjoncturels et structurels qui ont poussé à l’inflation. A ce titre, l’analyste explique que ce phénomène, provoqué par «une crise multidimensionnelle, trouve son origine dans le dysfonctionnement du système financier international, particulièrement la crise des subprimes en 2008».
Ce dysfonctionnement, dit-il, «est aggravé ensuite par une série de crises avec l’arrivée de la pandémie de COVID-19 et toutes ses répercussions sur l'économie mondiale, et en particulier sur les chaînes de valeur de production et d'approvisionnement. Vient s'ajouter par la suite le conflit sécuritaire entre la Russie et l'Ukraine avec une crise énergétique majeure», a-t-il encore analysé. Tout cela a eu comme conséquences une «situation d’hyperinflation qui commence à s'installer dans la durée, malgré les réactions de la FED (Federal Reserve System), en relevant les taux d'intérêt à plusieurs reprises, même chose pour la BCE», a-t-il ajouté. L’inflation a touché plusieurs pays en Asie, particulièrement la Chine, l’Europe, les Etat-Unis, l'Amérique latine et l’Afrique.
La banque centrale a émis de la monnaie pour soutenir les Etats de l’Union européenne, pour la période post-Covid, et a tenté de limiter cette spirale inflationniste mondiale.
A ce propos, l'expert a fait remarquer que «les politiques monétaires n'arrivent plus à contenir ce phénomène, d'où les incertitudes grandissantes par rapport à la croissance mondiale.
On parle même de possibilité de récession dans certaines régions comme celle de l'UE et les USA.
Une situation inédite qui interpelle les décideurs de par le monde à travers un dialogue responsable dans le but de travailler ensemble pour un ordre mondial plus équilibré et juste. Et cela a été rappelé par le président de la République lors de son discours à l'occasion de la réunion du BRICS+», soutient-il. Soulignant que «l’Algérie, comme tous les pays du monde, subit ce phénomène d'inflation où il est noté que la plus grande proportion de l'envolée des prix est due à cette inflation importée». Ce que les pouvoirs publics tentent de maîtriser à travers des mesures conjoncturelles pour préserver le pouvoir d'achat et aussi par des mesures de politiques monétaires et budgétaires pour rétablir les équilibres à moyen terme». Pour cela, le «gouvernement s'active à mettre les meilleures conditions pour une relance économique rapide, effective et pérenne», a-t-il conclu. Selon Eurostat, (Office statistique de l'Union européenne), l’inflation a atteint 70 % en Turquie, 10 % en Belgique et aux Pays-Bas, 11 % en Grèce et 6 sur 10 Français renonceraient à acheter les produits d’hygiène.
Samia Boulahlib