
«Le temps le dira»: pour la première fois, Donald Trump a entrouvert vendredi dernier la porte à une défaite face à Joe Biden, conforté de son côté par l'annonce, dix jours après, des derniers résultats de la présidentielle. Le président sortant, pour sa première prise de parole publique depuis plus d'une semaine, a évoqué la possibilité d'un revers électoral au détour d'un commentaire sur la recrudescence de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis. «Je pense que le temps nous dira quelle administration nous aurons, mais quoi qu'il se passe à l'avenir, qui sait, je peux vous dire que cette administration n'imposera pas de confinement», a-t-il déclaré, beaucoup moins catégorique que dans ses tweets dénonçant une élection «truquée». Donald Trump n'a pas parlé plus avant de la présidentielle. Il a conclu son intervention, dans les jardins de la Maison Blanche, sans répondre aux questions des journalistes, un exercice auquel il s'est pourtant prêté très régulièrement au cours de son mandat. Les derniers résultats du scrutin du 3 novembre dernier étaient enfin tombés, quelques heures auparavant, après dix jours d'attente. Selon les projections des grands médias américains, la Géorgie est allée à Joe Biden et la Caroline du Nord à Donald Trump. Ironie du sort, le démocrate a remporté au final 306 grands électeurs, contre 232 au président sortant. Soit le score inversé de la victoire du républicain -qui avait alors parlé d'un «raz-de-marée»- face à Hillary Clinton en 2016. Un recomptage des votes doit avoir lieu en Géorgie, où l'écart est très faible entre les deux candidats, mais son issue ne changera rien au résultat final : Joe Biden dispose, quoi qu'il arrive dans cet Etat, des 270 grands électeurs nécessaires pour s'ouvrir les portes de la Maison Blanche. Vendredi dernier, la campagne de Donald Trump a essuyé trois nouveaux revers en justice sur des recours déposés pour contester les résultats du scrutin. De plus en plus isolé, le président Trump semble peu à peu se résigner à accepter sa déroute. Dans le Michigan, vendredi dernier, un juge a refusé de bloquer la certification des résultats, notant que les observateurs contestant la tabulation des votes n'avaient «pas assisté à une réunion le 29 octobre» où le processus avait été expliqué. Dans l'Arizona, les avocats de Donald Trump ont été forcés de retirer leur recours qui n'avait aucune chance d'aboutir dans le comté de Maricopa (Phoenix). La veille, de nombreux témoins avaient reconnu qu'ils n'étaient «pas certains» que leur vote n'ait pas été compté. En Pennsylvanie, enfin, une Cour a jugé qu'accepter des bulletins postaux retardataires n'était pas anticonstitutionnel. La Cour suprême des Etats-Unis doit toutefois encore se prononcer sur ce point. Mais même si ces bulletins étaient rejetés, l'avance de Joe Biden, qui dépasse les 40.000 voix, devrait être suffisante.
R. I.