Etats-Unis : Trump abdique

En donnant son feu vert au processus de transition vers une administration Biden, le Président Donald Trump annonce la fin d’un feuilleton qui aura tenu en haleine la planète entière.

Après des semaines à contester le résultat du scrutin du 3 novembre, le 45e président des Etats-Unis a évoqué officiellement, lundi, la transition vers l'administration de son successeur, Joe Biden. Fidèle à sa façon de procéder, c’est par un court tweet que Donald Trump a décidé d’»abdiquer». Une démarche qui met fin au suspens et qui épargne à la superpuissance un spectacle affligeant aux yeux du monde, mais surtout des risques de dérapage de toutes sortes aux conséquences incalculables. La raison l’a donc remporté face à l’ivresse du pouvoir, et l’'équipe de Joe Biden n’en pouvait que ce réjouir en saluant une étape permettant «un transfert du pouvoir pacifique». Convaincue de sa victoire, le camp Biden n’a pas attendu cette sortie de Donald Trump pour annoncer une partie des personnalités qui formeront son gouvernement. L'ancien secrétaire d'État de Barack Obama, John Kerry, 76 ans, sera ainsi l'émissaire spécial du président américain sur le climat, signe de l'importance qu'accorde Joe Biden à ce dossier. Au poste-clé de secrétaire d'État, Antony Blinken, 58 ans, ex-numéro deux du département d'Etat sous le président Barack Obama et l'un des principaux conseillers en diplomatie de Joe Biden. S'il est confirmé par le Sénat, il succédera à Mike Pompeo, chef de la diplomatie de Donald Trump. Le démocrate a également désigné un autre proche collaborateur, Jake Sullivan, 43 ans, comme son conseiller à la sécurité nationale. Linda Thomas-Greenfield, une diplomate afro-américaine chevronnée de 68 ans, qui a été secrétaire d'Etat adjointe pour l'Afrique, deviendra, elle, ambassadrice à l'ONU. L'ancienne présidente de la Fed, Janet Yellen, est, quant à elle, nommée au Trésor.
Se posant en gage de stabilité, Joe Biden avait fait campagne en promettant de mettre fin au «chaos» de l'ère Trump. Ses premiers choix, sélectionnés dans le cercle de ses conseillers et collaborateurs de confiance, reflètent sa volonté de marquer le contraste avec le président républicain sortant. Donald Trump, qui a subit, lundi, un nouveau revers dans l’Etat-clé du Michigan, s’est plié à l’évidence de rendre les clés du bureau ovale au nouveau maître de la Maison-Blanche.
Une commission a validé le décompte des résultats dans cet Etat doté de seize grands électeurs, où Joe Biden dispose d'une avance de plus de 155.000 voix sur 5,5 millions de suffrages exprimés.
Un des quatre membres de cette commission, un républicain, s'est abstenu, reprenant à son compte les accusations d'irrégularités proférées, sans preuves, par le président sortant qui avait remporté d'un cheveu cet Etat en 2016. C'est «inacceptable qu'il reste tellement de questions non résolues», a déclaré Norman Shinkle, lors d'une réunion retransmise en direct en ligne et suivie par des dizaines de milliers de personnes. La certification des résultats électoraux est d'ordinaire un exercice de routine peu suivi. Mais le président Trump et ses alliés avaient mis la pression ces derniers jours sur les républicains du Michigan dans l'espoir de retarder le processus. Deux élus du Congrès local avaient même été invités à la Maison-Blanche vendredi. Le deuxième républicain siégeant à la commission de certification du Michigan, Aaron van Langevelde, a toutefois estimé, lundi, qu'il y avait beaucoup de «mauvaises interprétations sur le rôle» de cet organe. «Nous ne sommes pas un tribunal, nous ne pouvons pas conduire un procès», a-t-il souligné, en estimant qu'il était de son «devoir» de certifier les résultats.
M. T.

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