
Le bourbier yéménite arrive-t-il enfin à son épilogue ? La réponse à cette question demeure mitigée, tant les échos qui parviennent des principaux acteurs de cette crise vacillent entre optimisme prudent et réserves affichées. Sur le terrain, en tout cas, malgré une baisse remarquée de l’intensité des combats entre la coalition menée par l’Arabie saoudite contre les nouveaux maîtres de Sanaâ, à savoir le mouvement Houthis, des attaques éclairs menées par le mouvement rebelle aux frontières, comme celle qui a eu lieu dernièrement contre des militaires bahreïnis avec utilisation de drones, le long de la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite, et qui s’est soldée par plusieurs victimes parmi les soldats bahreïnis, viennent jeter un coup de froid sur les prémices d’un processus de paix amorcé par la rencontre entre des hauts responsables diplomatiques saoudiens et des négociateurs du mouvement de Sanaâ. En effet, cet acte coïncide avec les efforts déployés par Ryadh et la communauté internationale pour ramener la paix au Yémen. Le 19 septembre, une délégation de Houthis a quitté la capitale saoudienne après cinq jours de pourparlers de paix avec des responsables saoudiens.
Riyad et les rebelles houthis semblaient plus près que jamais d’un règlement politique du conflit qui les oppose.
« Le 20 septembre, les feux semblaient au vert dans les relations entre les deux belligérants», selon le chercheur Giorgio Cafiero, dans une analyse publiée sur le site américain «Responsible Statecraft». Pour la première fois, une délégation houthi venait d’être officiellement reçue dans la capitale saoudienne, pour des pourparlers. Des responsables saoudiens avaient parlé alors de «résultats positifs» après la rencontre.
Seulement, l’attaque aux drones à l’intérieur des frontières du royaume contre les militaires bahreïnis alliés des saoudiens a considérablement ralenti, pour ne pas dire anéanti, complètement cet élan. Mais certains analystes l’interprètent différemment. Pour eux, cette stratégie adoptée par les dirigeants du mouvement yéménite demeure un moyen d’exercer plus de pressions sur Riyad, pour parvenir à des négociations directes visant à parapher une paix durable et éventuellement sans conditions au préalable au vu de la réalité du terrain.
D’ailleurs, le ministre saoudien de la Défense, Khaled ben Salmane, avait décrit ses interlocuteurs yéménites comme «la délégation de Sanaâ», et non pas «les houthis»,e t ce alors que les Saoudiens les qualifiaient jusque-là de «groupe terroriste».
Pour Giorgio Cafiero, cela «semblait signaler que Riyad reconnaissait que les houthis sont en effet aux affaires», et mettre en avant «la volonté croissante de l’Arabie saoudite de trouver un modus vivendi» avec ce groupe qui contrôle de facto le nord du Yémen.
M. T.