
Les scandales d'espionnage impliquant le régime du Makhzen ne cessent de défrayer la chronique, notamment en Europe où un procès d'un ressortissant marocain de 36 ans, accusé d'avoir espionné des membres du mouvement d'opposition marocain Hirak vivant en Allemagne s'est ouvert lundi dernier à Düsseldorf (ouest), ont rapporté mardi dernier des médias.
Le parquet fédéral allemand a déposé un acte d'accusation pour activités de renseignement au profit de pays étrangers contre le suspect, qui a admis devant le tribunal régional supérieur de Düsseldorf qu'il avait transmis des informations sur le mouvement du Hirak au Maroc.
Le Hirak est apparu en octobre 2016 dans la région du Rif (nord) pour dénoncer la corruption et les abus des autorités au Maroc suite à l'indignation suscitée par la mort d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en tentant de s'opposer à la saisie de sa marchandise à Imzouren, près d'Al-Hoceïma.
Au fil des mois, le mouvement avait pris une tournure plus sociale et politique, appelant à davantage de développement et à la fin de la marginalisation de la région. Les manifestations avaient conduit à de nombreuses arrestations.
"J'ai soutenu le mouvement de protestation du Hirak depuis l'Europe en tant que blogueur, en publiant des informations critiques sur ma page Facebook", a déclaré l'accusé au tribunal.
Il a également expliqué qu'au début de l'année 2020, il s'était rendu au consulat général du Maroc à Düsseldorf pour obtenir un certificat de bonne conduite afin de pouvoir se rendre dans son pays.
Selon l'acte d'accusation, un agent des services secrets l'a alors contacté et recruté. Depuis lors, il a recueilli et transmis des informations sur des membres de l'opposition, comme on le lui demandait, en échange d'indemnités de voyage de près de 5.000 euros.
Il a été arrêté le 14 novembre 2022 à son domicile dans l'ouest de l'Allemagne et est en détention depuis.
Le parquet fédéral allemand avait alors annoncé qu'un ressortissant marocain a été arrêté dans la région de Cologne (ouest), "fortement soupçonné" d'avoir espionné les partisans d'un mouvement de contestation ayant agité le nord du Maroc en 2016-2017, au profit des services de renseignement marocains.