Mohamed Sidati : «Le rôle négatif de la France complique la tâche de l’ONU»

Le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati, a déclaré que le rôle «négatif» que joue la France dans le conflit au Sahara occidental complique la mise en œuvre du plan de règlement de l'ONU, appelant le gouvernement français à faire preuve de «neutralité», indique un communiqué du Groupe d'étude sur le Sahara occidental.
S'exprimant lors d'une réunion sur les derniers développements à la suite de l'agression marocaine à El-Guerguerat, organisée mercredi par le Groupe, Mohamed Sidati, a déclaré que «si ce n'était le rôle négatif de la France dans le conflit du Sahara occidental, la question aurait été réglée, justement et pacifiquement, il y a belle lurette». Le diplomate sahraoui, a soutenu que «le parti pris du gouvernement français des thèses marocaines concernant la question du Sahara occidental n'a fait que compliquer la tâche de l'ONU», appelant le gouvernement français à saisir le contexte actuel afin de «s'acquitter d'un rôle autrement plus neutre et plus positif au Sahara occidental, un rôle qui sied à la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité».
«La France a, en effet, les moyens de convaincre le Maroc pour qu'il retrouve la voie de la légalité internationale et pour respecter le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination», a-t-il ajouté, rappelant que le conflit au Sahara occidental demeure une question de décolonisation, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'ONU.
M. Sidati a indiqué, par ailleurs, que «le silence assourdissant des instances internationales face aux agissements du Maroc a permis à celui-ci de continuer, dans l'impunité, à dénaturer les décisions de l'ONU, à détourner le processus onusien et à le vider de sa substance».
De son côté, le président du groupe, le député Jean-Paul Lecoq a, dans son introduction, regretté le fait que le gouvernement français «n'observe pas malheureusement une équidistance vis-à-vis des deux parties, le Maroc et le Front Polisario».
Pour sa part, Mme Aline Pailler, présidente de la Plateforme Sahara occidental, a mis l'accent dans son intervention sur la gravité de la situation des droits de l'Homme qui prévaut aujourd'hui dans les territoires occupés par le Maroc ainsi que sur les actions menées en France par les différentes associations solidaires avec la cause sahraouie. Par ailleurs, le membre du Secrétariat national du Front Polisario chargé de l'Europe et de l'Union européenne, Oubi Bachir Bouchraya, a affirmé que le Maroc, soutenu par la France, a sapé tous les efforts de l’ONU pour le règlement de la question sahraouie, mettant en avant les positions contradictoires de certains pays européens qui lancent des appels au calme alors qu'ils voulaient maintenir le statu quo qui ne bénéficie qu'au Maroc et accentue les souffrances des Sahraouis.
Dans une déclaration au journal français La Marseillaise, Oubi Bouchraya Bachir a souligné que les positions de certains pays européens appelant à la trêve et au respect du cessez-le-feu au Sahara occidental interviennent tardivement, précisant que ces mêmes pays voulaient maintenir le statu quo qui ne profite qu'au Maroc et accentue les souffrances des Sahraouis dans les territoires occupés, les camps, les territoires libérés et l’exil. Qualifiant la situation dans la région de «préoccupante», le responsable sahraoui a cité la Minurso «qui est présente sur les territoires, mais n’a aucune possibilité de superviser le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental, à cause du veto de la France, entre autres. C’est un cumul de frustrations et de déceptions pour les Sahraouis». Soulignant que «le Maroc, soutenu par la France, n’a cessé de faire obstacle et s’installe dans cette logique d’intransigeance jusqu’à revenir sur son accord», le responsable sahraoui a assuré que «le statut du territoire doit être déterminé par l’expression de la volonté du peuple du Sahara occidental».

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