Le sahel dans l’œil du cyclone : Les Convoitises attisent la violence

Les convoitises économiques associées à des volontés d’hégémonie affectent lourdement les pays du Sahel, avec un climat de terreur sans précédent sur les populations livrées à la sauvagerie des bandes terroristes.

Les agissements des malfaiteurs armés et motorisés sèment la mort dans une visée stratégique de dépeuplement des zones rurales, obligeant des milliers de personnes à trouver refuge dans les villes maliennes, burkinabés et nigériennes déjà saturées par le poids de l’exode. Au Burkina Faso, le bilan des massacres terroristes s’élève à près de 500 morts entre mai et août, contraignant 275.000 personnes à abandonner leurs villages et leurs terres sous l’effet de la flambée de la violence. Et chaque mois, cette hémorragie humaine se solde par un départ de 50 000 à 55.000 personnes entre l’année 2020 et 2021, selon des ONG sur le terrain. Au total, se sont 1,4 million de personnes qui ont fui leurs terres d’origine, réfugiées dans leur propre pays et soumises aux pires conditions de vie.
Ce drame au quotidien pèse lourdement sur le voisin nigérien. Les activités criminelles ont repris dimanche dernier avec le massacre d’au moins 11 civils par des hommes armés dans un village de l’ouest du pays. Ils revenaient d’un marché hebdomadaire proche de la frontière avec le Mali. L’acte ne peut prendre de sens que dans l’instauration de la terreur pour obliger la fuite, le dépeuplement et l’écrasement des villes sous le poids des effectifs en bouches à nourrir et l’affaiblissement des pays par de nouvelles charges sociales. La ligne frontalière des trois pays, Burkina Faso, Mali, Niger est investie par des groupes terroristes qui obligent la mobilisation de moyens humains et matériels coûteux, dans une vaine tentative d’établir l’ordre et la sécurité. Pourquoi cette volonté de déstabiliser le Sahel ? Peut-être que la réponse se trouve dans ces mots pertinents de Jean Ziegler : «Le terrorisme est le carburant du mondialisme».
Le Sahel est une bande géographique qui va de la mer Rouge à l’Atlantique, séparant la zone saharienne du domaine soudanien plus humide. Terre de parcours depuis la nuit des temps, elle attire aujourd’hui des appétits pour les richesses réelles ou supposées de son sol et sous-sol, notamment l’uranium, les hydrocarbures, les nappes hydriques ou les rares terres encore inexploitées. Le Sahel, c’est aussi une zone-tampon adossée à notre pays et une porte de verrouillage et de contrôle. De ce point de vue, on peut avoir une claire idée des forces occultes agissantes par bandes terroristes interposées en vue d’affaiblir et de redessiner la carte géographique. Le niveau d’agression dépasse lourdement les capacités de défense des trois pays victimes.
Rachid Lourdjane

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