Le mandat de la Manul examiné par le Conseil de sécurité : La nomination d’un nouvel émissaire comme priorité

Le mandat de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) s’achève ce 31 juillet. En avril dernier, les membres du Conseil, n'ayant pu trouver de consensus sur un renouvellement substantiel du mandat, ont décidé de le prolonger de 3 mois seulement. En sera-t-il de même, cette fois ? Demain, le Conseil de sécurité tiendra une séance pour discuter de la question de son renouvellement, avant de passer au vote le 31. Pour rappel, la résolution 2629, qui a été unanimement approuvée en avril par les 15 membres du Conseil, stipulait aussi que la MANUL doit être dirigée par un représentant spécial du secrétaire général de l'ONU basé à Tripoli et avait demandé au secrétaire général de nommer rapidement un représentant spécial. Et pour cause, la durée du prochain mandat demeure tributaire de cette nomination exigée notamment par la Russie. Mais d’autres pays comme le Ghana, l’Irlande ou la France ont également réclamé en juin dernier lors d’une réunion consacrée à la Libye que le poste, vacant depuis novembre, date de la démission de Jan Kubis, soit pourvu «dès que possible». Cependant, cet exercice est loin d’être simple, au regard de l’impossibilité des membres du Conseil à s’entendre sur la nationalité du nouvel émissaire onusien. Moscou a fait part de son souhait de voir un africain nommé à ce poste, alors que Etats Unis souhaitent voir l’actuelle conseillère spéciale d’Antonio Guterres poursuivre sa mission en Libye.
Le patron de l’ONU, qui ne peut négliger le poids de la Russie, est depuis des mois en quête du successeur à Stéphanie Williams. Cependant, ses efforts en vue de trouver un candidat consensuel n’ont pas encore été couronnés. Selon des sources proches de l’ONU, toutes ses tentatives ont été vaines. Sa dernière proposition ayant été retoquée par les Emirats arabes unies. À la suite de ce nouvel échec, l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitriy Polyanskiy, a critiqué l’Occident qui voudrait, selon lui, garder la haute main sur le dossier libyen. Il a appelé António Guterres «à avoir une approche réfléchie et équilibrée» dans sa recherche d’un nouvel émissaire. «Il faut garantir un consensus sur une candidature d’un représentant spécial en prenant en compte l’opinion des parties libyennes et des acteurs régionaux», a-t-il souligné, appelant à rejeter un «diktat du camp occidental qui considère la Libye comme son pré carré».
Il a aussi demandé à ce que «les candidatures proposées par le président de l'Union africaine soient également examinées». Dans cette optique, le président de la Commission africaine s’était entretenu avec nombre de diplomates, dont l’ambassadeur américain en Libye. Selon certains médias, le président en exercice de l'UA, Macky Sall, a proposé à Antonio Guterres trois candidats pour ce poste, à savoir le ministre des Affaires étrangères du Soudan, celui du Ghana et celui de la Mauritanie. Le représentant permanent libyen auprès des Nations unies, Tahar Essimi, a pour sa part, souligné dans sa lettre que «le peuple libyen est otage des divergences entre les membres du Conseil de sécurité et de certaines forces régionales». Il a expliqué que ces divergences sont flagrantes puisque depuis 2021, il n'y a pas eu de nomination d'un représentant onusien pour la Libye.
Essimi a noté que son pays a «exprimé des réserves à propos du mécanisme suivi par le Conseil de sécurité» pour le choix de celui qui doit l'être. Le diplomate libyen a demandé au SG de l'ONU «d'entamer des consultations avec les parties libyennes avant de proposer un quelconque nom». Le prochain titulaire sera le neuvième en onze ans, relevait récemment une source diplomatique libyenne.
Nadia K.

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