Dans le document de 33 pages, préfacé par Donald Trump himself, il est noté que les Européens «sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires, qui transforment le continent et créent des tensions, la censure de la liberté d'expression et la répression de l'opposition politique (...)».
L'administration Trump reste sur un ton critique envers l’Europe et ne laisse passer globalement aucune occasion pour signifier une prise de distance avec les alliés historiques du Vieux continent. La nouvelle «Stratégie de sécurité nationale», publiée dans la nuit de jeudi à vendredi par Washington, et dont de larges extraits sont commentés par les grands médias, écorche vivement l’ego européen et anticipe un probable «effacement civilisationnel» de l'Europe, assurant que «si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans 20 ans ou moins». De quoi encore relancer de nouvelles polémiques et crispations, après toutes celles connues durant cette première année de mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Le document de 33 pages, préfacé de la main du président américain himself, développe qu’«il est plus que plausible que, d'ici quelques décennies au plus tard, les membres de l'Otan deviennent majoritairement non européens», estimant qu’«il est légitime de se demander s'ils percevront leur place dans le monde, ou leur alliance avec les Etats-Unis, de la même manière que ceux qui ont signé la charte de l'organisation». Toujours dans les registres des griefs, il est noté que les décisions de l’Europe «sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires, qui transforment le continent et créent des tensions, la censure de la liberté d'expression et la répression de l'opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales (...)».
La première réaction n’a pas tardé à venir, à travers le ministre des Affaires étrangères allemand, Johann Wadephul. Commentant le document américain, il a rétorqué, hier, lors d’une conférence de presse à Berlin, que l'Allemagne n'a pas besoin de «conseils venant de l'extérieur», notamment sur «la liberté d'expression» ou «l'organisation des sociétés libres». «Nous ne pensons pas, non plus, que quiconque doive nous donner des conseils à ce sujet, car cela est organisé par notre ordre constitutionnel», a ajouté le chef de la diplomatie allemande. La charge américaine rappelle une séquence similaire vécue au début de l’année. En déplacement en Allemagne dans le cadre de la Conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février 2025, le vice-président américain, JD Vanc, a surpris son auditoire en traitant du «recul de la liberté d’expression» sur le continent, ajoutant s’inquiéter du «recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, valeurs partagées avec les États-Unis d’Amérique».
Des déclarations qui avaient soulevé également des réactions scandalisées à travers l’Europe. La feuille de route, réaffirme sinon volontiers le cap l’«America First» (l’Amérique d’abord), accorde beaucoup de place aux phénomènes migratoires, annonçant en faire une priorité sécuritaire pour le pays. Washington soutient que «l'ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l'élément principal de la sécurité nationale». Le document reprend ainsi les fondamentaux de la politique actuelle de Donald Trump, concernant l’immigration. Autre point important, la nouvelle stratégie de défense dispose que «la raison historique de l'Amérique de se concentrer sur le Moyen-Orient va diminuer», ce qui suggère un recentrage diplomatique et militaire dans la région. L’Afrique également ne retient pas beaucoup l’attention dans le document qui préfère se concentrer, en quelque sorte, sur des géopolitiques de proximité. Il appelle ainsi à «restaurer la suprématie américaine» en Amérique Latine, et annonce un «réajustement» de la présence militaire américaine dans le monde, «pour répondre aux menaces urgentes sur (notre) continent», en plaidant pour «un éloignement des théâtres dont l'importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ces dernières années ou décennies».
M. S.