Il y a 20 ans était créée l’Union africaine : Un bilan à améliorer

Pour autant, sont-elles toutes fondées ? Cette question divise. Nombre de spécialistes estiment que son bilan n’est pas aussi décevant que d’aucuns voudraient le faire croire. En effet, si effectivement l’organisation n’a pas répondu à toutes les attentes et espoirs suscités par sa création, il n’en demeure pas qu’elle peut se targuer de quelques succès qu’il serait injuste d’occulter. Dans ce registre, Thomas Kwasi Tieku, professeur associé de sciences politiques au King’s University College, souligne que «depuis son lancement officiel en 2002, l’UA a développé une agence considérable» qu’il définit «comme sa capacité à façonner l’agenda et les décisions en Afrique et dans les affaires mondiales». Et de poursuivre en ajoutant qu’elle «a contribué à la rédaction de traités visant à promouvoir la paix, la démocratie et la bonne gouvernance». Il rappellera aussi que «nombre de ses traités contiennent des premières mondiales». par ailleurs, il y a lieu de souligner que l’organisation a élaboré avec succès des cadres de développement tournés vers l’avenir, tels que l’Agenda 2063 et l’Accord de libre-échange continental africain (Zlecaf), qu’elle a créé des agences de développement, dont l’Agence de développement de l'Union africaine (Nepad) et qu’elle a aussi réussi à «socialiser les gouvernements africains pour qu’ils acceptent les idées de développement et en fassent les piliers des plans de croissance nationaux». Sans oublier sa bataille livrée, et en partie gagnée, en dépit d’un grand nombre d’obstacles, pour mettre à la disposition du continent les vaccins contre la Covid-19. Mais malgré ses réalisations, l’UA subit une salve de critiques formulées par ceux qui en attendaient plus. Ainsi il lui est reproché de ne pas suffisamment peser, du moins au point d’empêcher, à titre d’exemple, la résurgence des changements anticonstitutionnels sur le continent. Et surtout d’avoir sous-traité la gestion des crises nées de ces changements. A cette critique, le président de la Commission de l'institution, Moussa Faki Mahamat, répond que la «position actuelle ne signifie pas que l’UA est absente des débats». Et d’expliquer : «notre politique est conforme à notre principe, qui est celui de la subsidiarité et de la complémentarité avec les communautés régionales.» Car selon lui, «c’est avant tout une question de logique : les pays voisins sont plus à même de saisir les réalités complexes du terrain que d’autres États plus éloignés ou que certains diplomates à Addis-Abeba». c’est, dira-t-il, «comment l’organisation a déjà procédé en Afrique de l’Ouest, au Mali, au Burkina-Faso et en Guinée». Mais ce n’est pas le seul reproche fait. Son incapacité à assurer son financement l’a fragilisée et l’a rendue dépendante de ses partenaires étrangers, ce qui, d’un avis général, affaiblit son pouvoir décisionnel, alors que le continent fait de plus en plus objet de convoitises étrangères au regard de ses richesses naturelles. Consciente des enjeux géopolitiques, l’UA tente néanmoins de relever les nombreux défis qui détermineront le devenir de l’Afrique sur l’échiquier. Et force est de souligner qu’ils ne sont pas des moindres. Aussi, l’UA œuvre à se donner les moyens pour mettre un terme à l’insécurité qui tend malheureusement à prendre de l’ampleur, menaçant ainsi la stabilité politique et la sécurité de l’ensemble des sous-régions. En effet, le terrorisme est un fléau contre lequel le continent semble aujourd’hui impuissant. Mais ce défi, affirment les spécialistes, ne saurait être relevé que si, en parallèle, l’Afrique, guidée par son organisation, parvient à transformer ses programmes de développement et d’intégration sur le terrain. Pour ce faire, il est urgent, estime-t-on, de rendre opérationnelle la Zlecaf. Cela permettra de stimuler la croissance économique et de transformer les perspectives de développement du continent en une réalité palpable.

Nadia K.

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