Grand angle : Le dernier service ?

Donald Trump nourrit-il l’envie de miner le terrain à son successeur démocrate Joe Biden ? A en croire le New York Times, le Président sortant (?) aurait demandé des options militaires pour attaquer l’Iran au cours des deux derniers mois de sa présidence. D’habitude plus rapide que la «5G», le locataire actuel du bureau ovale (jusqu’au 20 janvier), dégaine son tweet à tout-va pour dénoncer des fake news, mais pas cette fois-ci. Un silence qui en étonne plus d’un. On sait qu’entre Téhéran et Washington ce n’est pas la grande idylle, mais l’approche de Biden sur le nucléaire iranien tranche franchement avec le ton cassant et menaçant de Donald Trump. Pendant sa campagne présidentielle, Joe Biden a promis de réintégrer l'accord, «si Téhéran respecte ses engagements», et affiché son intention de rompre avec la politique de «pression maximale» du Président républicain contre la République islamique, la jugeant improductive. A ce titre, les démocrates souhaitent renégocier le texte pour y intégrer notamment, le dossier des missiles balistiques iraniens. Une volonté qui risque de se heurter à l'intransigeance de Téhéran qui a déclaré, à plusieurs reprises, que cette question était non négociable. Pour Donald Trump, la crainte de voir son bilan iranien balayé par son successeur, et l’entame de négociations qui reprendrait éventuellement tout à zéro et qui donnerait l’avantage aux Iraniens face au camp pro-américain dans la région, renforce en lui l’idée d’une frappe éclair qui viserait les principaux sites nucléaires dans le pays. Un scénario qui risque tout de même d’être plus que réel du fait que le Parlement iranien vient de mandater l’agence atomique du pays pour construire un nouveau réacteur à eau lourde. Une étape qui, selon bon nombre d’observateurs, permettra à Téhéran de développer une nouvelle stratégie de pression sur l’administration Biden. L’enjeu : les négociations à venir sur la remise en place de l’accord sur le nucléaire. Lorsque cela arrivera, Téhéran mettra ainsi la barre très haut et entendra disposer d’un maximum de leviers de pression. Mais en agissant de la sorte, l’Iran flirte avec les lignes rouges diplomatiques. Un jeu dangereux qui pourrait servir d’alibi parfait à Donald Trump pour rendre un dernier service à Israël.
M. T.

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