Après le coup de force au Mali : La Cédéao suspend Bamako

Réunis à Accra dimanche suite au nouveau coup de force des militaires maliens, les pays membres de la Cédéao ont décidé de suspendre le Mali. «Après de longues discussions, les chefs d'Etats et de gouvernements ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao)», ont précisé hier dans un communiqué les dix chefs d'États présents lors du sommet de la Cédéao. À Accra, le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao a pris des sanctions institutionnelles contre le Mali. Le pays ne pourra plus jusqu’à nouvel ordre assister aux sessions des chefs d’Etats, aux conseils des ministres ou encore aux sessions du Parlement de l’institution sous-régionale. Le sommet avait pour but de définir les lignes d'action pour la transition. Deux choses à retenir : la première, c'est que les chefs d'Etats ont fermement condamné ce récent coup d'Etat, qui, selon le communiqué final est « une violation des décisions prises lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu à Aburi, au Ghana, le 15 septembre 2020 » et une violation de la charte de la transition. D'ailleurs, Assimi Goïta, qui était dans la capitale ghanéenne, n'a pas pris part au sommet.
Deuxième chose : le Mali est suspendu de toutes les instances de la Communauté. C'est à dire que le Mali est maintenant isolé dans la Cédéao. La conférence des chefs d'Etats a demandé le respect strict du calendrier de la transition. Un Premier ministre civil va être nommé avec un gouvernement inclusif, pour poursuivre le programme de transition. Le Président nigérien, Mohamed Bazoum, a voulu clarifier ces décisions : «Il n'était pas possible que nous ne prenions pas des sanctions.
À partir de maintenant, ce sont des autorités illégales qui viennent de s'emparer du pouvoir, et que nous avons condamné. Mais nous avons décidé d'exclure le Mali des instances de la Cédéao (...) Le mécanisme habituellement prévu par la Cédéao, ce n'est pas quelque chose de récent.
C'est quelque chose qui est arrivé à plusieurs reprises par le passé dans d'autres pays. Il n'était pas possible que nous ne prenions pas des sanctions.» Il faudra au colonel Assimi Goïta, beaucoup d’habileté pour nommer un Premier ministre civil accepté par tous.
Un dispositif de monitoring de toute la transition sera mis en place par la Cédéao, et le Mali a jusqu'au 27 février 2022 pour organiser les élections législatives et présidentielles.
Sur ce point, le débat a été très houleux lors du huis-clos, selon une source proche de la Commission, mais la Cédéao a réitéré les sanctions intérieures, selon lesquelles le chef de la transition, le vice-président, et le Premier ministre, ne devraient pas être candidats aux élections. Mais aucune sanction économique n'a été prise, et le colonel Assimi Goïta reste à son poste.
Il s'agit donc d'une semi-victoire sur le plan sous-régional.
Le colonel revient plutôt satisfait de son séjour à Accra.
Mais très rapidement, il devra prendre la main pour fixer le cap.

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