Une alerte météo a été émise, hier, pour Ghaza, avertissant contre un nouvel épisode d’intempéries devant s’abattre sur le territoire, à partir d’aujourd’hui. Les autorités palestiniennes annoncent, en effet, qu’une «dépression polaire» entraînera des «inondations et des torrents, en raison des fortes pluies attendues, ainsi que de fortes rafales de vent», susceptibles d’aggraver la situation des populations réduites à s’abriter sous des tentes de fortunes un peu partout à travers l’enclave.
Le communiqué tient l'occupation sioniste «pleinement responsable de l'exposition des personnes déplacées aux risques climatiques, compte tenu de la fermeture des points de passage et de l'empêchement de l'entrée de matériel de secours et d'abris». Un communiqué de la même teneur a été rendu public également par le mouvement Hamas, dans la journée, appelant à prévoir une «opération de secours urgente», pour parer à une catastrophe annoncée.
Les centaines de milliers de Palestiniens qui se sont rabattus sur des abris de fortunes, après deux années de dévastation à travers le territoire, s’apprêtent donc à subir un épisode hivernal potentiellement plus violent que celui subi il y a près de trois semaines. Durant plusieurs jours, les familles ont grelotté de froid sous des semblants de tentes envahies par les eaux de pluies et la boue, et mettant hors d’usage les couvertures, les matelas et les vêtements qui s'y trouvaient. Il est aisé d’imaginer l’effet sur une population soumise aux privations extrêmes depuis bientôt une année d’embargo. 1,7 million de personnes au total vivent dans des abris improvisés, souvent installés dans des zones basses sujettes aux inondations, selon un rapport de l’ONU, en novembre dernier. «Les conditions hivernales difficiles, combinées à la destruction et aux déplacements de population, augmentent le risque d’infections et de maladies», avait, pour sa part, alerté l’UNRWA, dont les abris s’encombrent de 79.000 personnes.
L’entrée en vigueur du cessez-le-feu, prétendument protégé et garanti par la communauté internationale, le 10 octobre dernier, avait entretenu l’espoir d’une amélioration progressive de la situation humanitaire, puisque des clauses de l’accord avaient prévu un accès complet des aides, aussi bien alimentaires, médicales qu’en équipements, à raison de 600 camions par jour. Or, l’entité sioniste, qui viole le principe de cessation des hostilités quasi-quotidiennement depuis deux mois, maintient un dispositif d’entraves sévère qui annihile tout effet de l’accord sur les populations, qui plus est en ces jours de grands froids et d’hiver précoce dans la région. L’Unicef, dans une énièmes alerte, a exposé hier un aspect révélateur de la profondeur de la crise.
Lors d’une conférence de presse, une porte-parole de l’organisation a indiqué que la malnutrition des femmes enceintes ou allaitantes à Ghaza a des «effets dévastateurs sur des milliers de nouveaux nés». «Le constat est clair : des mères malnutries donnent naissance à des bébés prématurés ou de faible poids, qui meurent dans les unités de soins intensifs néonatals (...) ou survivent, pour ensuite souffrir de malnutrition ou de complications médicales», détaille Mme Tess Ingram. Autre indicateur de la détérioration insoutenable de la situation, note l’Unicef, en octobre dernier , 8.300 femmes enceintes et allaitantes ont été admises pour un traitement contre la malnutrition aiguë, «dans une région où aucun cas de malnutrition n'était constaté au sein de ce groupe avant octobre 2023».
M. S.