
Invité à s’exprimer sur la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) de demander à l’entité sioniste des mesures conservatoires pour empêcher tout génocide à Ghaza, l’expert en questions internationales Alain Corvez a qualifié le prononcé, rendu par une majorité des dix-sept juges de cette instance, d’«historique», en ce que les décisions de la CIJ sont transférées au Conseil de sécurité des Nations unies, lequel doit prendre les dispositions nécessaires à leur application le plus rapidement possible.
«Les crimes détaillés de l’entité sioniste ont été consignés dans ce prononcé, et il est clair que c’est la première fois qu’une instance internationale définit toutes les atrocités qu’Israël a commises. Il y est également indiqué que tous les pays du monde sont chargés de soutenir cette décision, et que ceux qui continuent d’appuyer l’entité sioniste dans ses activités seront complices de génocide, ce qui est très important parce que la majeure partie des pays occidentaux continuent à soutenir Israël». S’exprimant sur AL24, l’ancien conseiller du Général commandant la Force des Nations unies au Sud Liban (Finul) a estimé que, replacé dans la géopolitique mondiale, le prononcé de la CIJ était un événement extrêmement important.
«Les États-Unis sont en train de perdre partout, au Yémen, en Irak, et y compris chez eux, au Texas. Je pense que c’est un basculement dans les règles de la géopolitique mondiale parce qu’Israël et les États-Unis sont dénoncés officiellement par la CIJ, et c’est bien la première fois que cela arrive depuis la seconde Guerre mondiale». Concernant la réaction de l’Union européenne, qui a affirmé attendre la «mise en œuvre complète, immédiate et effective» des décisions de la CIJ, l’invité de L’échiquier international a déclaré : « L’Union européenne est entièrement sous la coupe des États-Unis d’Amérique, qui, eux, sont sous la coupe d’Israël ! Cette déclaration est un moindre mal parce que l’UE reconnait quand même les atrocités commises à Ghaza.
Elle est donc en faveur du prononcé, mais elle reste ambiguë, parce que l’UE évoque aussi le droit d’Israël à se défendre». M. Corvez est également revenu sur le communiqué du Hamas dans lequel le mouvement a salué la décision de la CIJ et appelé la communauté internationale à agir pour obliger l’ennemi à mettre en œuvre les décisions de cette dernière : «Le Hamas et les autres factions palestiniennes regrettent qu’il ne soit pas question de cessez-le-feu, et l’apport de la communauté internationale peut être déterminant pour un arrêt rapide des opérations de l’armée israélienne à Ghaza.
Je ne vois pas comment l’administration américaine pourrait faire face à celle-ci, d’autant plus que la réputation des États-Unis est déjà en pleine dégringolade. Ils ont des problèmes chez eux et ailleurs, et ils ont tout intérêt à essayer de se réhabiliter, un tant soit peu, vis-à-vis de l’opinion internationale.
Quant à l’entité sioniste, elle va continuer son combat inutile contre le Hamas, mais vu la nouvelle conjoncture internationale, je suis plutôt optimiste pour l’avenir.»
I. Boulksibat