
Par Rachid Lourdjane
Alger, la citadelle. Alger, El- Mahroussa, la capitale et siège des institutions politiques. Séduisante, rebelle et farouche comme les redoutables tempêtes qui s’abattent sur son ondulante côte. Le golf d’Alger abrite un port majestueux et sa légendaire amirauté. L’agglomération algéroise compte aujourd’hui un peu plus de sept millions d’habitants, ce qui l’admet dans le top cent des plus grandes métropoles mondiales et une place au podium du Maghreb et du littoral méditerranéen. Alger est aussi au troisième rang des villes francophones, juste après Paris. La première place étant détenue par Kinshasa. La nature a façonné Alger avec une baie en forme de parfait demi-cercle d’une exceptionnelle beauté, qui s’étend de Cap Matifou jusqu’à Bologhine, quartier qui porte le nom de l’homme à l’origine d’El-Djazaïr actuelle, Bologhine Ibn Ziri. La Ville Blanche occupait alors El-Djebel, l’actuel site de La Casbah, dominant la mer telle une vigie, avec une vue imprenable sur l’horizon lointain. Alger a traversé l’histoire depuis qu’elle fût fondée au IVe siècle avant J.-C. en comptoir phénicien, jusqu’à ce qu’El-Djazaïr donne son nom à l’Algérie. Très tôt, elle attire l’attention de nombreux historiens, depuis Hérodote jusqu’aux voyageurs du premier millénaire comme El-Bekri, Hassan El-Wezzan, dit Léon l’Africain, et Ibn Hawkel, qui l’a mentionné dans sa Configuration de la Terre. Les marins qui l’ont accostée depuis la plus haute antiquité en étaient subjugués. Les premiers navigateurs grecs lui attribuèrent le toponyme d’Icosium ou Ikosim, «l’Ile aux Mouettes», comme l’atteste cette pierre gravée, véritable carte d’identité de la ville, jalousement accrochée dans la rue Bab Azzoun. Au Xe siècle, Youcef Ibn Tashfin offre à la ville sa Djamaâ El-Kébir, première grande mosquée. La Cité antique sera cartographiée «Djazaïr Beni Mezghenna». Lorsqu’au XVIe siècle, les Conquistadors débarquent sur le littoral à Oran et à Béjaïa, Alger opposera une résistance héroïque et finira, avec l’aide des frères Barberousse, par déloger les Espagnols du Peñon, où les Espagnols avaient bâti une forteresse. Dès lors, c’est la montée en puissance de la ville dont la marine de guerre s’imposera sur tout le bassin méditerranéen, une partie de l’Atlantique et qui plantera son drapeau dans le lointain Canada en appui à l’Irlande. Aucune puissance ni même coalition n’a pu venir à bout d’Alger, ville de bravoure, mais aussi grande cité d’accueil pour de nombreuses figures étrangères chassées par la rigueur de l’Inquisition dans les pays de l’espace catholique.
Grâce à sa riche histoire, Alger est aussi une ville de culture qui dispose de nombreux sites d’intérêt historique et touristique. Parmi les sites qui font sa fierté, Maqam Echahid dominant la Baie est le premier que le voyageur admire. Les Sablettes attirent des touristes de tous horizons l’été et les regards sont subjugués par le majestueux Djamaâ El-Djazaïr. Ses Musées, notamment le Musée d’Art Moderne qui fait face à l’enchanteur Jardin d’Essai, renferment d’extraordinaires collections d’œuvres d’arts des grands maîtres du cubisme et de l’école impressionniste. On y admire Degas, Picasso, Pissaro, mais aussi Baya, Bouzid, Issyakhem, ainsi que les toiles de grands orientalistes. On trouve également dans ces galeries, les œuvres du grand miniaturiste algérien Racim, côtoyant les sculptures d’Antoine Bourdelle, Paul Belmondo et Auguste Rodin. La Bibliothèque nationale collectionne une somme impressionnante de rares manuscrits des premiers temps de l’islam, et des ouvrages scientifiques et philosophiques anciens de grande valeur. Captivante, Alger a été chantée par des centaines de compositeurs du monde entier, pour son charme, mais aussi pour les leçons de résistance face à l’adversité depuis les temps immémoriaux jusqu’à la victoire, en 1962. C’était la Bataille d’Alger et l’épopée d’une citadelle dédiée à tous les Révolutionnaires du monde. Une ville rebelle qui a inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire des luttes anticoloniales.
R. L.