Pétrochimie et valorisation des hydrocarbures : Les ambitions du gouvernement

Ph. Nacéra I.
Ph. Nacéra I.

Le gouvernement intensifie ses efforts visant la diversification de l'économie nationale qui repose essentiellement sur la valorisation des hydrocarbures, notamment le développement des industries de la pétrochimie et du raffinage en Algérie.

Le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, l’a souligné récemment lors d'une réunion du gouvernement. Il avait exposé, à l’occasion, la démarche préconisée basée sur la captation de partenaires, la sélection des projets rentables et à forte valeur ajoutée pour le marché national et les avantages comparatifs offerts par l’environnement économique national. 
En mai dernier, il avait indiqué que son département avait tracé plusieurs objectifs dans le domaine de l'industrie pétrochimique, dont celui d'atteindre 5 milliards de dollars d'exportations à moyen terme, contre 1,2 milliard de dollars en 2022. Ainsi, le Groupe Sonatrach avait mis le paquet pour réussir ce pari. Pas moins de 11 milliards de dollars ont été affectés pour le développement de ces industries, dans le cadre du plan quinquennal 2022-2026 dont le budget est estimé à 40 milliards Usd. Ce budget s'inscrit dans le cadre de la stratégie du groupe Sonatrach ayant pour but l'approvisionnement du marché national en produits pétroliers, à savoir les matières premières pétrochimiques pour l'industrie en général, et les PME-PMI en particulier, mais également pour réduire l'importation et les transferts de devises. Il s'agit également de renforcer la production des complexes ayant permis de valoriser près de 5 milliards de m3 de gaz naturel en 2022 et d’exporter plus de 1 milliard USD de produits pétrochimiques en 2019. Afin d'asseoir un tissu industriel pétrochimique en Algérie et réduire la facture d'importation des produits pétrochimiques, le gouvernement envisage de réaliser six projets de développement de la pétrochimie, dont trois dans le cadre du partenariat avec les étrangers. Contacté, l'expert international et enseignant en économie à l'université de Tizi Ouzou, Brahim Guendouzi, a indiqué à El Moudjahid que le portefeuille d’activités de Sonatrach se concentre sur quatre domaines stratégiques qui sont l’amont pétrolier et l’amont gazier qui concernent l’exploration» et la «production», la transformation des hydrocarbures vers l’aval avec essentiellement le raffinage, la liquéfaction et la pétrochimie et la commercialisation» vers les marchés à l’international. 
L’expert Guendouzi a soutenu, en outre, que «l’ambition de Sonatrach, pour les années à venir, consiste en la consolidation de ses parts de marché par rapport aux principaux concurrents». Mais également assurer une «diversification», grâce à une «valorisation des hydrocarbures et la création de la valeur ajoutée ainsi que la contribution à la densification du tissu industriel national», a-t-il analysé. A cet effet, «Sonatrach a décidé d’intensifier son effort d’investissement pour les années à venir puisque le groupe vient de dégager une enveloppe financière consistante de l’ordre de 40 milliards de dollars pour l’ensemble de ses activités dont 7 milliards de dollars seront consacrés au secteur aval», a-t-il précisé. 
La volonté affichée par le groupe pétrolier et gazier national est de «renforcer ses capacités de production en matière de raffinage et de pétrochimie», ce qui relève de «la vision stratégique», puisque cela va permettre de développer des produits dérivés très demandés sur le marché international», a-t-il commenté. Aussi, peut-on distinguer d’ores et déjà la «production pétrochimique relative à l’ammoniac et l’urée qui sont des intrants majeurs à la fabrication de fertilisants, faisant l’objet actuellement d’une forte demande à l’international», car, ces produits «servent les activités agricoles», a-t-il relevé. Par ailleurs, la «production de méthanol et de façon générale des solvants», est aussi déterminante puisqu’il s’agit d’un autre intrant utilisé dans les plastiques. 
Enfin, il est question d’aller rapidement vers la «production d’hydrogène», car, selon cet analyste, cela constitue une véritable «source d’énergie propre» qui s’inscrit dans le cadre de la «transition énergétique mondiale». L’hydrogène peut avoir plusieurs «utilisations, notamment dans l’industrie automobile avec les véhicules électriques et hybrides». 
Il sert aussi de «produit de base dans la chimie» et contribue enfin au processus de «décarbonation de nombreuses activités industrielles». Il va sans dire que cet effort d’investissement dans le raffinage et la pétrochimie, nécessite un «partenariat» avec des firmes étrangères qui «sont disposées à venir investir en Algérie avec Sonatrach». «La question du transfert de technologie et du savoir-faire sera à cet effet une source d’intérêt mutuel entre partenaires selon la formule gagnant-gagnant», a-t-il conclu. 
 
Samia Boulahlib 

 

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