
Le discours du Président est un «discours-bilan, un discours-programme et un discours de politique publique, pour parachever l’action du chef de l’État», a estimé Hassan Kacimi, politologue et expert des questions géopolitiques, dans une déclaration à El Moudjahid.
Pour notre interlocuteur, cette intervention était «très forte et très dense». Un discours où l’on a vu un président de la République sage et animé d’une volonté très importante de vouloir mettre le pays à l’abri des turbulences et de toute sorte de menaces. Concernant le contenu du discours, notre expert retient, en premier lieu, un acte constitutif d’une tradition démocratique. «Le président de la République vient d’inscrire, aux plans légal et juridique, une tradition démocratique. Un Président qui s’adresse annuellement aux élus de la nation, pour faire le point de la situation sur l’activité du gouvernement et aussi sur la situation aux plans régional et international», a souligné Hassan Kacimi. D’un point de vue méthodologique, l’analyste considère que le discours du président de la République a été structuré sur plusieurs thématiques. Selon lui, l’un des points les plus importants souvent rappelés par le président de la République est le caractère social égalitaire de l’État algérien. Notre État puise ses principes et sa doctrine de l’histoire de notre pays. «Le peuple algérien a toujours agi pour la quête de sa liberté, de son indépendance, de sa dignité et pour sa quête de vivre dans des conditions humaines, qui sont les attributs de la liberté et des attributs qui figurent dans les droits universels», relève notre interlocuteur.
Pour ce dernier, le chef de l’État, et à travers ce discours, a fait un inventaire de la situation, en essayant d’exposer le parcours de l’activité gouvernementale sur les quatre dernières années, en évoquant les difficultés sur le terrain des chantiers qui ont été ouverts. «Face à cette volonté de vouloir moderniser, réformer et faire de l’Algérie un pôle influent, il y a eu des forces qu’on pourrait appeler d’inertie et peut-être même des forces subversives, qui ont tenté de faire barrage à l’action du Président et du gouvernement. D’ailleurs, le Président l’a bien expliqué, en parlant d’une bande de malfaiteurs qui ont essayé de mettre à mal l’activité de l’État et de la sécurité et la stabilité de la population algérienne», constate l’expert, qui fait part de l’existence «de manœuvres très graves et très dangereuses» qui ont tenté de porter atteinte à la stabilité du pays et retourner la population contre ses gouvernants. Et d’ajouter : «Face à cela, a-t-il poursuivi, il y a eu des mesures très fortes pour combattre tous ces phénomènes, qui relèvent, en réalité, de la criminalité transnationale. Il ne faut pas hésiter un instant pour dire qu’il y a des parties étrangères qui ont une main dans ces activités de nature à porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publique.».
Des zones d’ombre aux zones éclairées
Et donc le discours du président de la République a abordé cette problématique liée à la réticence au changement et à la modernité. Kacimi a énuméré un certain nombre de mesures en faveur des populations, comme la hausse des salaires et la prise en charge des couches sociales les plus défavorisées, les allocations de chômage...
Il cite un autre point qui, de son point de vue, est aussi important, à savoir le dossier des zones d’ombre. «Ce gros dossier a été pris en charge par le président de la République. Sur les chiffres officiellement annoncés, il y a 8 millions d’Algériens qui vivaient dans des zones d’ombre dans des conditions, selon l’expression du chef de l’État, pour le moins inacceptables, en raison des dysfonctionnements de gouvernances enregistrées dans le passé», a-t-il relevé. Selon lui, tous ces problèmes et préoccupations ont été pris en charge, grâce à des mesures concrètes et courageuses décidées et engagées par le chef de l’État.
Le politologue revient sur un chiffre qu’il qualifie de très intéressant, soit le taux de 80% du programme des zones d’ombre réalisé. «Il ne reste que quelques actions qui sont en cours de réalisation, et je suppose que d’ici la fin de 2024, il n’y aura plus de zones d’ombre, mais plutôt des zones éclairées qui auront rejoint le reste des collectivités dotées de toutes les commodités», a-t-il déclaré.
Mettre fin au déséquilibre régional
L’autre point important cité dans le discours du chef de l’État, selon Kacimi, est celui de l’équilibre régional. Il explique, à ce propos, que le président de la République a d’abord parlé des zones frontalières, qui, dit-il, n’ont pas connu les mêmes avancées que le reste des régions en matière du développement et d’aménagement urbain. Il précise que pour le président de la République, toutes les collectivités sont du même niveau et il ne devrait pas y avoir un traitement discriminatoire quand il s’agit de développer des territoires. En résumé, les différentes mesures engagées par le président de la République traduisent cette volonté de mettre fin au déséquilibre régional, particulièrement des localités frontalières, soutient l’expert.
Selon notre interlocuteur, d’autres sujets non moins importants ont été évoqués, dans le discours du président de la République, parmi lesquels l’agriculture et l’industrie, qu’elle soit mécanique, pharmaceutique ou autres. Pour ce qui est de l’agriculture, notre interlocuteur estime que le discours du Président a fait le constat de l’absence de maîtrise des chiffres communiqués par le secteur et qui, selon lui, résultent souvent d’une méconnaissance de la situation sur le terrain et qui font que les politiques publiques qui sont arrêtées sur la base de faux chiffres ne sont pas nécessairement des politiques publiques efficaces, et ne peuvent, par conséquent, pas prendre en charge les véritables défis qui se posent. Dans son analyse, Hassan Kacimi est revenu aussi sur des secteurs qu’il qualifie de retardateurs cités dans le discours du président de la République, entre autres les finances. Selon lui, le chef de l’État a mis l’accent, à plusieurs reprises, sur les défaillances et insuffisances imputées au secteur des finances, qu’il considère comme stratégique, comme un poumon de l’économie, la colonne vertébrale de l’investissement. «Sans les banques, sans un climat d’affaires attractif, sans un environnement de stabilité juridique en matière d’investissement, on ne risque pas d’avancer au rythme fixé par le président de la République et qui est un rythme très fort et intense», estime l’expert. Par ailleurs, Kacimi a relevé une adhésion très forte de la part de la population au programme du président de la République et aux mesures sociales prises en faveur des couches défavorisées dans le passé. Ainsi, il estime que devant ces acquis et réalisations, la population souhaite que le président de la République puisse encore continuer et poursuivre son programme, pour briguer un deuxième mandat.
A. S.