
La 56e édition de la Foire Internationale d’Alger (FIA), a été inauguré ce lundi par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Si la manifestation réunit une mosaïque d’acteurs venus des quatre coins du monde, la présence du Sultanat d’Oman, invité d’honneur de cette édition, a particulièrement retenu l’attention, tant par l’envergure de sa délégation que par la richesse des partenariats engagés.
Cette participation exceptionnelle s’inscrit dans le sillage de la visite d’État du Sultan Haitham Ben Tariq à Alger en mai dernier. Le renforcement du dialogue politique s’est rapidement mué en une dynamique économique ambitieuse, concrétisée par la présence à la FIA du ministre omanais du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des investissements, Qais Bin Mohammed Al Yousef, accompagné de chefs d’entreprise et de décideurs de premier plan.
Au cœur des échanges : l’industrialisation conjointe, la fluidification des échanges commerciaux et le soutien aux investissements directs, portés par une volonté politique partagée et assumée.
Une présence au plus haut niveau
À la tête d’une importante délégation, le ministre Qais Bin Mohammed Al Yousef a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune au Palais des Expositions. Cette rencontre, tenue en marge de la FIA, témoigne de l’intérêt stratégique que l’Algérie accorde à ses relations économiques avec le sultanat d'Oman. Selon un communiqué de la Présidence de la République, l’audience s’est tenue en présence de M. Boualem Boualem, directeur de cabinet du Président, de M. Kamel Rezig, ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, ainsi que de M. Tayeb Zitouni, ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché.
Ce cadre d’échange a permis d’aborder les priorités communes dans un esprit de partenariat équilibré, tourné vers le développement industriel et l’investissement productif.
La présence du Sultanat d'Oman à la FIA 2025 traduit une accélération des projets stratégiques lancés depuis la visite du souverain omanais. Le ministre Al Yousef a réaffirmé, à cette occasion, la volonté de son gouvernement d’""approfondir les relations économiques et d’investir massivement en Algérie.
Le Sultanat d’Oman prend part à cette édition avec une délégation composée de plus de 50 entreprises, principalement publiques, couvrant un large éventail de secteurs d’activité. Plusieurs de ces sociétés ambitionnent d’établir de nouveaux partenariats économiques. Le Forum économique algéro-omanais, devrait offrir un cadre propice à la concrétisation des engagements pris lors des récentes visites d’État entre le président algérien et le Sultan Haitham Ben Tariq. Cette présence témoigne d’une volonté affirmée de passer à l’action à travers la signature de nouveaux accords et le lancement de projets d’investissement concrets.
Un projet emblématique avec Hyundai
Symbole fort de ce nouvel élan, le projet de construction d’une usine de montage de véhicules Hyundai en Algérie – porté par le groupe omanais Saud Bahwan – constitue un jalon stratégique. Estimé à 400 millions de dollars, ce projet vise à approvisionner le marché national tout en positionnant l’Algérie comme hub régional d’exportation.
Il prévoit la production progressive de plusieurs modèles, notamment des véhicules utilitaires, des berlines low-cost et, à terme, des modèles électriques.
L’usine sera dotée d’unités de carrosserie, de peinture et d’assemblage, avec une première mise en production prévue pour fin 2026.
Elle s’accompagnera de la création d’un pôle industriel intégré, d’un transfert de technologie et d’un plan d’intégration des sous-traitants locaux. L’ambition est de faire de l’Algérie une base industrielle capable de répondre au marché local tout en s’ouvrant à l’exportation.
Des projets structurants en cascade
Au-delà de l’automobile, le partenariat algéro-omanais s’étend à plusieurs secteurs à fort potentiel. À Arzew, l’extension de l’usine d’ammoniac et d’urée, menée en collaboration avec Sonatrach et le groupe Suhail Bahwan, vise à renforcer les capacités d’exportation vers les marchés asiatiques et africains. À Jijel, un projet de construction d'une fonderie d’aluminium dans la zone industrielle de Bellara est à l’étude, avec l’ambition de renforcer les chaînes de valeur industrielles.
Dans le domaine maritime, les deux pays projettent d’ouvrir une ligne directe entre leurs ports pour stimuler les flux commerciaux. La création d’une flotte de pêche conjointe est également envisagée, s’appuyant sur l’expertise d’Oman dans ce secteur.
Une gouvernance partenariale pour des résultats concrets
Pour garantir la concrétisation rapide de ces initiatives, un groupe de travail mixte a été mis en place, chargé d’élaborer une feuille de route opérationnelle sous un mois. Une base de données commune viendra appuyer ce dispositif, en répertoriant les opportunités d’investissement et les zones industrielles prioritaires.
L’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), par la voix de son directeur général Omar Rekkache, a promis un accompagnement complet aux opérateurs omanais, avec un accès facilité au guichet unique et aux avantages prévus par la nouvelle loi sur l’investissement.
Un forum d’affaires pour concrétiser les ambitions
En parallèle de la FIA, un forum économique algéro-omanais se tiendra ce mardi 24 juin. Il réunira une centaine d’acteurs publics et privés autour de tables rondes sectorielles axées sur l’agro-industrie, la logistique, la finance verte et les énergies renouvelables. L’objectif : traduire les convergences politiques en partenariats économiques concrets et durables.
Oman, partenaire stratégique d’une Algérie en mutation
En mettant Oman à l’honneur, l’Algérie affirme son ouverture à des alliances structurantes, fondées sur la complémentarité, la confiance et une vision partagée du développement. Ce rapprochement Sud-Sud, incarné par des projets tangibles, s’inscrit dans la stratégie de diversification économique et de repositionnement géostratégique du pays.
L’édition 2025 de la FIA se veut ainsi bien plus qu’une vitrine du savoir-faire algérien : un catalyseur de relations économiques renouvelées, où le Sultanat d’Oman joue un rôle moteur dans la redéfinition des équilibres régionaux.
En s’engageant ensemble dans des projets industriels structurants, l’Algérie et Oman jettent les bases d’un partenariat pérenne, résolument tourné vers l’avenir, au service d’un développement économique partagé et d’une stabilité régionale renforcée.
Samia Boulahlib