Ballet diplomatique à Alger : L’Algérie, un allié stratégique à l’international

Il est indéniable que l'Algérie est désormais la boussole du «navire monde». La précipitation de plusieurs diplomates et responsables de haut rang vers Alger, illustre, de ce fait, l'impact de l'action diplomatique, la force de l'argument politique de l'Algérie, et l'activisme multidimensionnel et à tous les niveaux d'une diplomatie politique, économique et culturelle du pays. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, entame une visite de deux jours en Algérie. Il sera suivi par le vice-ministre des Affaires étrangères de Pologne Paweł Jabłoński. Dans les tout prochains jours, l'Algérie recevra la présidente du Conseil de la fédération russe Valentina Matvienko, avant la visite annoncée du président de la République Abdelmadjid Tebboune à Moscou. «L’Algérie réussit assurément la conjugaison équitable de sa reconstruction interne et son redéploiement externe», explique le Dr Melouki Slimane de la faculté du droit et des sciences politiques à l'université de M'sila. L'universitaire parle de «l'’évolution des déséquilibres régionaux et internationaux» qui appellent à «une adaptation de la politique étrangère et sécuritaire algérienne». Précisant que «la politique étrangère algérienne cherche à assurer la stabilité dans la région» Dr Melouki souligne «le rôle diplomatique actif, passé de l'isolement à cause des effets de la décennie noire au redéploiement après la réussite de la transition politique post-2019». Le chercheur souligne que la diplomatie algérienne « est très respectée au sein de la sphère international» et ajoute que l'objectif le plus en vue, que poursuit l'Algérie actuellement «est de jeter les bases d'un nouveau système international caractérisé par la justice et l'égalité». Les plus importants principes de la politique étrangère algérienne sont le soutien du droit des peuples à l'autodétermination, leur droit de contrôler les richesses et les capacités nationales et la non-ingérence dans les affaires intérieures ainsi que le refus de résoudre les conflits par la force.
Dr Melouki rappelle que l'Algérie était un des pays d’avant-garde pour la défense des intérêts des pays du Sud et son rôle dans l'appel en 1974 à établir un système économique mondial qui tienne compte des intérêts des pays en développement. Pour étayer son analyse, Dr Melouki revient sur les efforts de médiation de l'Algérie «basés sur une politique étrangère défendant le principe de stabilité dans la région et le refus de toute politique interventionniste des puissances extracontinentales», dont l'ingérence, poursuit-il «pourrait conduire au chaos et à l'instabilité». Pour lui, ce principe découle principalement de la mémoire politique qui perdure depuis les événements de la décennie noire qui ont presque détruit l'Algérie et secoué sa stabilité. Évidemment, l'Algérie se présente à la communauté internationale et régionale «comme un acteur neutre et crédible dans les processus de médiation», note l'universitaire pour préciser que la médiation algérienne «repose sur les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures des États», ainsi que sur la promotion du «dialogue et de la discussion» entre les parties en conflit pour éliminer l'incertitude et parvenir à des solutions diplomatiques satisfaisantes pour toutes les parties». C'est pourquoi, dit-il, «européens et occidentaux voient en l'Algérie le partenaire fiable, dont l'enracinement culturel et géographique, à la fois africain, arabe et méditerranéen, la hisse en une puissance tranquille qui s'affirme et s'impose». Dr Melouki n'omet pas de souligner, au passage «la pertinence politique de l'engagement de principe, constitutionnalisé depuis des décennies, en faveur des peuples opprimés et discriminés à travers le monde». Un engagement conforme «aux politiques d'extinction des guerres et de confinement des crises» affirme-t-il. S'interrogeant pour sa part sur ce qu'il qualifie de «chevauchements» à la lumière du contexte actuel, Dr Nasser Zammit, spécialiste en études stratégiques et politiques de défense, souligne que «le contexte géopolitique mondial a été marqué depuis 2019 par la pandémie de Covid-19 et depuis février 2022 par le conflit entre la Russie et l’Ukraine». «Ces deux événements majeurs ont eu pour conséquence une crise économique, sociale et énergétique, marquée en Europe par la rupture des approvisionnements de gaz de la Russie». Dr Zammit fait savoir que «pour réduire sa dépendance au pétrole et au gaz russes, l’Union européenne s’est tournée vers l’Algérie, entre autres pays disposant d’importantes réserves» et précise que «cette situation a confirmé son rôle dans les domaines géopolitique et énergétique».

Tahar Kaidi 

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