L’expression numérique sévèrement entravée par le Makhzen : des dizaines d'organisations dénoncent

Des dizaines d'organisations marocaines et d'acteurs de la société civile sont montés au créneau cette semaine pour dénoncer le resserrement de l'emprise du Makhzen sur la liberté d'expression, en particulier dans le domaine numérique.

Dans un communiqué signé par une centaine d’organisations et d'acteurs de la société civile, et rapporté hier par l’APS, les signataires affirment que «la multiplication des poursuites judiciaires et le harcèlement croissant à l'encontre des voix indépendantes, révèlent une stratégie visant à soumettre toute contestation». Ils estiment que «les projets de loi et les organismes de régulation sont détournés de leur fonction de garants du pluralisme pour devenir des outils de tutelle et de contrôle». Les signataires qui ciblent directement le Conseil National de la Presse (CNP), rappellent que «le CNP n'est qu'une instance d'autorégulation de la profession, dont la compétence doit se limiter aux journalistes professionnels et à leur éthique». Par conséquent, «il ne saurait en aucun cas se muer en une autorité générale d'autorisation pour la publication numérique». Ils soulignent que les infractions portant atteinte à l'ordre public — telles que l'incitation à la violence, le racisme ou la diffamation — sont déjà prévues et traitées par le Code pénal et il est donc inutile de manipuler le débat professionnel pour justifier la restriction de l'espace numérique et le musellement des opposants. En outre, toujours dans le même communiqué, les organisations de la société civile qui sont également signataires, appellent à mettre un terme immédiat à toutes les formes de restriction et aux poursuites judiciaires ciblant les expressions pacifiques, qu'elles émanent des jeunes ou qu'elles s'expriment dans l'espace public ou numérique. «Les missions du CNP doivent être strictement cantonnées à leur champ professionnel» soulignent-elles. Par ailleurs, dans le même contexte, l'association «ATTAC Maroc» vient, à travers un autre communiqué, confirmer cette dérive en dénonçant une escalade de la répression politique du Makhzen ces dernières années. Selon elle, «cette répression a engendré un recul manifeste des libertés d'expression et d'organisation, avec un élargissement inquiétant du ciblage incluant désormais journalistes, artistes et jeunes». Et «ATTAC Maroc» de rappeler «le scandale de la commission d'éthique de la presse» perçu comme «un symptôme des dysfonctionnements profonds d'un système visant à restreindre les droits». L'association critique l'expansion de cette répression, qui va des procès de journalistes et des poursuites contre des créateurs musicaux, jusqu'à la répression violente des manifestations de rue par les forces de sécurité.

Y. Y.

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