Dans une analyse pertinente donnée jeudi dernier lors de l’émission « L’histoire en marche » de la radio algérienne, le professeur émérite, spécialiste en Droit international, Bertrand Badie décrypte la confrontation actuelle entre l'Iran et Israël, la présentant non comme un simple conflit, mais comme une stratégie délibérée du Premier ministre israélien Netanyahou. L'objectif principal serait de saboter les négociations entre les États-Unis et l'Iran, affirmant ainsi la primauté d'Israël sur l'agenda régional. Badie révèle que l'ambition israélienne dépasse le démantèlement du programme nucléaire iranien, s'orientant plutôt vers la déstabilisation et le renversement du régime iranien. Cette stratégie vise à rétablir un ordre régional dominé exclusivement par Israël, une « dialectique de la puissance et du chaos » déjà appliquée en Palestine, au Liban, en Syrie et en Irak. Selon Badie, l'attaque contre l'Iran s'inscrit dans un plan plus large visant à éliminer tout rival potentiel au Moyen-Orient. Avec l'affaiblissement de l'Égypte, de la Syrie et de l'Irak, et des relations gérées avec la Turquie et l'Arabie saoudite, l'Iran demeure le seul État non arabe capable de concurrencer Israël. Pour Tel Aviv, le monopole nucléaire d'Israël est une fin en soi, et la sécurité d'Israël, refusant la reconnaissance d'un État palestinien, ne peut être assurée que par l'hyperpuissance et l'escalade, voire la création de chaos chez l'adversaire. Cela dit, un changement de régime « harmonieux » en Iran est jugé improbable, au vu des échecs passés dans la région, selon Badie citant l’Irak, la Libye et la Syrie.
Y. Y.
