Soutien et appui des pays arabes à la guerre de libération: Bases arrière de la Révolution

La Révolution algérienne a forcé l'admiration du monde entier. Elle jouit actuellement d'un prestige universel qui lui vaut de nombreux appuis. Cette lutte a été d'un précieux enseignement pour les peuples en lutte, détruisant le mythe de l'invincibilité du colonialisme . Tout en contribuant à la libération de l'Afrique, elle a démontré qu'un peuple, avec des moyens réduits, peut lui tenir tête, aussi puissant fut-il, et arracher sa liberté. Notre guerre de Libération a réussi à réunir le monde arabe. Elle a été lancée sur plusieurs fronts, intérieur et extérieur. Les cellules actives et autres du FLN/ALN agissaient en frappant fort et sur tous les plans.

Dès le déclenchement de la guerre de Libération, les Etats arabes ont reconnu le FLN comme représentant légitime du peuple algérien. Les aides ne se sont pas fait attendre de la part de nos voisins, notamment de l’Egypte, du Soudan, de la Syrie, de la Jordanie de l’Irak, du Yémen et de l’Arabie saoudite. Pour ces pays, dont la solidarité fut multiforme, la cause algérienne était une partie de la lutte de la Oumma. Les Etats membres de la Ligue arabe, créée en 1945, s’étaient engagés en faveur de l’indépendance de l’Algérie.
Le professeur Mohamed Belhadj de l'université d'Oran dira que «tous les pays arabes avaient apporté un soutien financier à la guerre de Libération et formé des Algériens sur leurs territoires. Ce soutien arabe s'étendait également à l'octroi de bourses d'études par des universités arabes aux Algériens et à leur encadrement».

Lorsque la Syrie formait les djounoud algériens…

Tout au long des décennies les relations entre l’Algérie et la Syrie se sont renforcées, jusqu’à ce que l’une des figures historiques algériennes, vienne inscrire cette amitié dans la mémoire. L’Emir Abdelkader, symbole de la résistance à la colonisation française, s’installe en exil à Damas vers 1855. Il est suivi par plusieurs milliers d’Algériens qui vont constituer une communauté dans la capitale syrienne. L’Emir devient vite un symbole de l’Algérie en Syrie, un homme montré en exemple car il ne s’est pas contenté de partir en exil à Damas. Il a contribué durant le restant de ses jours à aider les Syriens.
Les liens entre les deux pays, marqués par les luttes communes contre le colonialisme français, avec ses figures comme l’Emir Abdelkader ou l’Emir Khaled, notamment se consolideront durant la guerre de Libération. De nombreux Syriens, dont des médecins, se sont ainsi engagés aux côtés des Algériens pendant la Révolution. Parmi les plus illustres, l’ancien président Noureddine Al Atassi, qui a donné son nom à l’hôpital de Bologhine. Il avait été au maquis en particulier à la frontière algéro-tunisienne, puis était resté à Alger pendant les premières années de l’indépendance avant de retourner dans son pays.

L’annonce de la création du GPRA a eu lieu au Caire

«Malgré les difficultés et les obstacles rencontrés pour l'approvisionnement en armes de la Révolution et les pressions auxquelles l'Égypte était confrontée, dont l'agression contre son territoire à l'automne 1956, le soutien militaire à la guerre de Libération ne s'est pas arrêté», dira Le professeur Mohamed Belhadj en évoquant l’appui de l’Egypte a la guerre de libération .
Un soutien indéfectible et sans relâche de l’Egypte. La déclaration qui annonça, le 1er novembre 1954, le début de la révolution a été diffusée sur les ondes de la Radio du Caire, tout comme, d’ailleurs, l’annonce officielle de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), un certain 19 septembre 1958, dans la capitale égyptienne. Ferhat Abbas y avait fait sa première déclaration publique, définissant les circonstances de la naissance de ce gouvernement. Le soutien de l’Egypte l’a été par des actes aussi. Le président égyptien Djamel Abdel Nasser était partisan de la Révolution et a fourni des aides au FLN, notamment la livraison du plus grand nombre d’armes. Des historiens révèlent même que la préparation matérielle de la guerre à l'étranger a commencé après que Ben Bella, Aït Ahmed et Khider se sont rencontrés dans la capitale égyptienne. Ils ont formé le premier noyau appelé plus tard la délégation extérieure de la Révolution au lendemain de son déclenchement.

La Tunisie a abrité l’armée des frontières

En 1956, les dirigeants du FLN extérieurs à l’Algérie, réussissent une opération, modifiant le rapport des forces avec la France, ils donnent la Tunisie comme base arrière aux maquis du Constantinois. L’armée des frontières menait périodiquement des actions en territoire algérien et se repliait en Tunisie. L’objectif des maquisards était de desserrer l’étau sur les maquis de l’intérieur, qu’ils voulaient alimenter en armes. Des combattants algériens franchissaient la frontière, attaquaient des patrouilles françaises avant de se replier au village de Sakiet Sidi Youcef. Outre l’appareil médiatique et politique algérien, la Tunisie a abrité l’armée des frontières et l’état-major général dans la région frontalière. La proximité entre les deux peuples face au colonialisme s’est illustrée le 8 février 1958, lors du bombardement par l’aviation française du village de Sakiet Sidi Youcef en Tunisie, à quelques encablures de la frontière. Un bombardement qui a tué 70 Tunisiens et Algériens et fait 140 blessés. Parmi les victimes, 12 enfants dans une école et des dizaines de réfugiés regroupés dans un camp de la Croix-Rouge. Le basculement de la Tunisie vers le soutien total à la cause algérienne a permis au FLN de s’installer durablement et d’établir une base arrière militaire pour assurer l’approvisionnement en armes et en hommes des maquis de l’intérieur.

Libye, la bataille d’Issine, le sang des deux peuples mêlé

Les Libyens ont soutenu la Révolution dès son déclenchement, les chefs du Front de libération nationale ont décidé d'établir dans ce pays frontalier, une base logistique en vue de regrouper les cargaisons d'armes, notamment celles en provenance d'Egypte, avant leur introduction, par les frontières, en Algérie, ainsi que pour entraîner les moudjahidine à l'intérieur de bases militaires. Il a eté même crée en 1956 de la commission libyenne de soutien au peuple algérien, qui se chargeait de la collecte des dons et de l'encadrement des Libyens désirant apporter leur soutien à la Révolution algérienne. En 1958, les Libyens ont organisé des manifestations sous le slogan "Journée de l'Algérie", pour exprimer leur soutien à la Révolution algérienne et dénoncer les massacres du colonisateur français commis contre des innocents. La bataille d'Issine est venu reflèter "la véritable image de la cohésion et de la solidarité des Algériens et Libyens, après que leur sang s'est mêlé dans la bataille de l'honneur, donnant leurs vies en sacrifice pour la liberté et l'indépendance. Lors de cette bataille le sang des Algériens et des Libyens s'est mêlé, devenant ainsi le symbole de la solidarité et de la cohésion entre les deux peuples et la preuve irréfutable du sacrifice et de l'appui des pays frères à la guerre de Libération nationale.

L’Arabie saoudite, le Liban, le Koweït, l’Irak… Ils étaient là

Faut-il rappeler que l'Irak a été le premier pays à reconnaître le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), quelques minutes seulement après sa proclamation. Faut-il aussi rappelé l’aide de l’Irak pour l’édification du jeune Etat algérien, notamment dans l’enseignement, le secteur des hydrocarbures…
Le roi Salman ben Abdelaziz d’Arabie saoudite fut le président de la commission principale de la collecte de fonds pour l’Algérie, il faisait partie des personnalités les plus importantes qui soutinrent et aidèrent la Révolution algérienne dans toutes ses étapes. Le 5 janvier 1955, Ahmed Echakiri, représentant du royaume de l’Arabie saoudite aux Nations-unies, avait attiré l’attention en mettant en avant la souffrance du peuple algérien. Il avait réussi la même année à convaincre 14 Etats africains et asiatiques de l’importance à inscrire la cause algérienne à l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU. L’Arabie saoudite a montré son soutien à l’Algérie par des actes. Elle a dénoncé, le 22 octobre 1956, le détournement de l’avion qui transportait des dirigeants du FLN et reconnu juste après sa formation le GPRA en exigeant de la France une solution au problème algérien sous peine de ne pas rétablir avec elle ses relations diplomatiques rompues en 1956 après l’agression tripartite contre l’Egypte. Sur le plan financier, le roi Saoud Ben Abdelaziz avait incité son peuple à faire des dons au profit de la Révolution algérienne. D’ailleurs, Krim Belkacem s’est déplacé en Arabie saoudite pour remercier ses dirigeants pour ce soutien.

Farida Larbi

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