Un drapeau blanc pour linceul

Après presque un mois de bombardements intensifs et sans relâche sur la bande de Ghaza et des milliers de civils tués, l’entité sioniste, forte de l’appui sans réserve de Washington, a laminé aussi tous les ensembles internationaux et régionaux. Génocide après génocide, la machine de guerre sioniste fait le maximum pour vider l’enclave palestinienne afin de baliser le terrain à des fondations qui accueilleront la nouvelle architecture du Moyen-Orient telle qu’imaginée par la Maison-Blanche qui assurera incontestablement le rôle de chef d’orchestre qui dirigera la symphonie «requiem de Mozart», c’est-à-dire la messe des morts avec cette seule différence que cette fois la chute de Ghaza sera synonyme de la mort politique de la nation arabe. Ce vendredi, l’horreur a atteint son paroxysme. Deux frappes contre des civils qui feront aussi date dans la mémoire sombre de la communauté internationale. L’une sur le boulevard el Rachid qui traverse la bande de Ghaza du nord au sud. Des dizaines de civils palestiniens pour la plupart des femmes et des enfants quittaient le nord de l’enclave pour aller vers le sud sur injonction de l’armée sioniste. En brandissant des drapeaux blancs tout au long de leur périple, ils ignoraient sans doute qu’ils en faisaient leur linceul. Un carnage causé par un missile largué à partir d’un F 16 made in USA. Second fait sanglant, même scénario, mais cette fois-ci du côté de l’hôpital «El Shiffa», un bain de sang qui traduit la volonté de l’entité sioniste d’assurer jusqu’au bout son rôle de sous- traitant.
La complicité des Etats-Unis avec les indus occupants israéliens ne vient pas seulement de la puissance du lobby sioniste. Elias Sanbar, actuel ambassadeur de Palestine auprès de l’Unesco, a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient en Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. Il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens d’Israël
Trois décennies après sa mort, l’analyse du philosophe Gilles Deleuze garde la même pertinence : Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIXe siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d'œuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d'œuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants ou «vidables». C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique.
Dans son discours tant attendu, le secrétaire général du mouvement de la résistance libanaise «Hizballah» a bien résumé l’importance de Ghaza et de la Palestine en général pour le devenir de la nation arabe et musulmane. La disparition de Ghaza c’est la perte d’Al Qods et l’effondrement de la nation. Un danger sur lequel l’Algérie n’a cessé d’alerter à tous les niveaux .
EL MOUDJAHID

Multimedia