Transition énergétique : Faire face au dérèglement climatique

Réalisé à la demande du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, le livre blanc portant sur l’évaluation de l’impact multidimensionnel des changements climatiques en Algérie et les efforts déployés pour en atténuer les effets a été finalisé. Ainsi, après un travail laborieux mené par une équipe multidisciplinaire, sous la direction du ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, Chemseddine Chitour, des propositions ont été émises pour permettre à l’Algérie de faire face aux conséquences du dérèglement climatique. Envisagée comme la transformation des normes de production, de consommation et d’investissement vers un mode de développement économique décarboné, capable d’entretenir et de renouveler ses ressources, la transition écologique recouvre une palette d’enjeux macro-économiques et sectoriels, au premier chef, desquels ceux relevant de la stabilité du climat, de la préservation des écosystèmes et de l’utilisation durable des ressources (matières premières, eau, sols, déchets). Elle se situe dans le cadre d’un développement durable au sens que donnent à ce terme les traités internationaux, notamment la COP 21, sur le volet de la pollution de l’environnement, les coûts sanitaires et l'impact sur la sécurité énergétique. Aussi se doit-elle de prendre en compte les enjeux sociaux et sociétaux liés à cette nécessaire transformation de notre économie. Pour le président de la Fédération de la transition énergétique, l'Algérie se trouve actuellement dans une impasse qui devrait interpeller pour tirer la sonnette d'alarme, d’autant que notre pays est considéré comme le pays africain et méditerranéen qui dispose d’un potentiel en énergies renouvelables le plus important dans le monde. Belkacem Haouche identifie les causes de blocage dans l’aboutissement de projets annoncés. Il estime qu’un travail commun et permanent entre les différents secteurs et niveaux de gouvernance permet le débat intersectoriel et interdisciplinaire pour faire basculer le pays vers la sécurité énergétique, comme l’atteste le plan d’action du gouvernement. Le président de la Fédération réclame une concertation sectorielle réelle, et précise que la transition énergétique est un projet qui implique tous les acteurs et qui mérite d’être amorcé par des rencontres et des débats profonds dans la transparence et de façon démocratique afin de faire mûrir un consensus social et économique porteur de la stratégie nationale en question. «Il est illogique, poursuit-il, de dissocier le processus de la transition énergétique de son maillon essentiel qu’est la recherche et la formation. Commettre l’erreur de négliger cet aspect équivaut à lancer le processus en soumettant les investisseurs et les entreprises à la dépendance et au régime de l’importation», dit-il. Mis à part l’Institut de la transition énergétique et des énergies renouvelables, toutes les écoles et instituts dédiés aux énergies renouvelables sont des projets dont les promotions ne sortiront qu’au bout de trois à quatre années et ne seront opérationnelles qu’après cinq à six ans. L’identification des mécanismes économiques permettant d’orienter les investissements et les comportements des ménages, des entreprises et des financiers vers cette adaptation des modes de production, de consommation et d’investissement devrait figurer comme axe principal dans les stratégies des pouvoirs publics. «Il est impératif de prendre conscience que l’Algérie doit faire face à un défi majeur, celui de son intégration dans le marché régional, faute de quoi, elle sera marginalisée en 2030, année butoir du passage à l’énergie verte zéro carbone», notera le spécialiste.

Tahar Kaidi

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