
La Déclaration d’Alger, adoptée par les pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), réunis lors du 7e Sommet à Alger, du 29 février au 2 mars, représente un tournant décisif dans la position commune et unanime en faveur du rôle du gaz naturel dans le mix énergétique sur le long terme.
L’action fédératrice de l’Algérie a reçu une large adhésion de l’ensemble des participants qui ont eu à se prononcer sur un ensemble de points essentiels à l’action future du GECF sur la scène énergétique, en premier lieu, mais également sur le plan de la concertation par rapport aux bouleversements géopolitiques que vit le monde actuellement.
L'économiste Brahim Guendouzi estime que la "collaboration et la coopération entre les pays du GECF constitueront une constante pour bénéficier des expériences et pour faire évoluer l’industrie gazière, dans une nouvelle ère, conformément aux exigences du développement technologique". C’est à ce titre que l’Algérie a été choisie pour abriter l’Institut de recherche sur le gaz (GRE), inauguré le 29 février. Cela démontre la "solide expérience acquise par l’Algérie dans le domaine de la recherche et de l’utilisation des nouvelles technologies dans les activités gazières", a-t-il analysé. La "formation et l’expertise sont également nécessaires, dès lors que l’industrie gazière est une industrie de process nécessitant une main-d’œuvre qualifiée et expérimentée sur l’ensemble de la chaîne de valeur", a-t-il estimé. Pour sa part, l'expert en politique, en géo-économie et spécialiste des questions financières, Mahfoud Kaoubi, estime que "globalement la Déclaration d'Alger vient consacrer trois points fondamentaux".
Le premier est lié à la nécessité d'accroître la collaboration entre les différents pays du forum, notamment avec l'admission de nouveaux venus et l'appel fait pour les autres pays à rejoindre le forum. Faisant de cet espace de coordination de collaboration aussi bien technique qu’économique et stratégique un levier pour les actions futures, ainsi qu’un espace pour conforter les moyens dont dispose les pays membres, dans le sens d'une vision commune.
Le deuxième point concerne les "dispositions du forum et des pays membres de coopérer sur le plan international pour aller vers une transition énergétique, afin de préserver l'équilibre naturel de cette planète qui souffre depuis plusieurs décennies déjà de grands problèmes de réchauffement climatique". Cette disposition permet d'alimenter le marché mondial et passe nécessairement par une compréhension mutuelle entre consommateurs, exportateurs et producteurs avec toute la problématique relative à une nécessaire stabilisation des prix. Ce qui gravite autour de cette question par rapport au financement de grands projets d'investissement et aussi pour la nécessité de ne pas adopter des dispositions fiscales ou tarifaire qui risqueraient de jouer en défaveur des pays producteurs.
Le troisième élément fondamental, concerne cet appel à faire du forum un espace d'équilibre en matière d'échange et un appel pour une justice dans l'avenir pour les pays en développement ou les pays, notamment, africains qui disposent des richesses et qui ont un besoin important en matière de développement. Mais aussi qui ne devraient pas être pointé du doigt comme responsables en matière d'émission de gaz à effet de serre. Les pays africains devraient disposer de l'argent et de plus de moyens pour accompagner cette mission de transformation de leur économie et la réalisation de leurs objectifs en matière de développement humain et économique. Et justement le "droit de ne pas être la cible de certains pays qui disposent des moyens d'intervention en matière de sanctions, tout en faisant abstraction au règlement et aux dispositions qui régissent justement ces fonctions et qui ne passe pas par le Conseil de sécurité".
Sur la septième édition du forum, M. Belahrach, expert en énergie, indique que "sur la forme elle est bien meilleure que les précédents au vu de la présence de dix chefs d'État et de la qualité protocolaire". Sur le "fond, les membres du GECF maintiennent leur position en ce qui concerne la préférence des contrats à long terme, implications des pays acheteurs dans les investissements de renouvellement des réserves et des infrastructures de production et de transport du gaz destiné à l'exportation", a-t-il analysé.
Il est important de noter l'intégration de trois pays africains au GECF, lors de ce sommet, et les possibilités pour l'Algérie d'être de facto le porte-parole africain au sein du forum et les opportunités qui s'ouvrent pour le GRI qui est sous le leadership de l'Algérie, a-t-il estimé. Un autre point est celui de" la présence du ministre des Affaires étrangères de l'Italie au forum, qui dénote l'implication de l'UE pour sécuriser ses approvisionnements en gaz".
Il y a aussi un autre point celui de "la présence d'une "grande délégation iranienne à ce forum, président et plusieurs ministres, ce qui est inhabituel", a-t-il conclu.
Samia Boulahlib