Produits de la finance islamique en Mauritanie : Les banques algériennes s’investissent

En deux temps, trois mouvements ! Aussitôt devenue effectivement opérationnelle, qu' Algerian Union Bank (AUB), basée dans la capitale mauritanienne, annonce déjà la couleur. Après la toute récente ouverture d’une agence à Nouadhibou, la banque — affirme son directeur général, M. Merouane Aliane, joint par nos soins — «compte déployer et commercialiser plusieurs produits de la finance islamique avant juin 2024 ». Joint aussi par nos soins, Georges Ngnouwal Eloundou, analyste camerounais des politiques économiques, affirme que ce déploiement « pourrait effectivement contribuer à accélérer l'essor de la finance islamique dans le pays », relevant que la Mauritanie représente « un marché d’environ quatre millions de clients potentiels ». En proposant des produits financiers conformes aux principes de la finance islamique, « les banques, qui se contentaient par le passé d’un marché de moins de 10 % de la population, peuvent désormais répondre à la demande croissante des clients souhaitant des solutions financières conformes à leurs croyances religieuses ». De plus, en développant et en promouvant la finance islamique, explique l’analyste, « les autorités mauritaniennes pourraient encourager l'innovation financière et attirer des investissements étrangers intéressés par ce secteur en expansion ». Cette démarche « pourrait également contribuer à l’attraction des banques internationales, des multinationales et au développement de l’économie mauritanienne ».
De son côté, Sofiane Mazari directeur de la finance islamique au CPA, affirme que le marché mauritanien est « très demandeur » de produits bancaires et financiers conformes à la Chari’a. « Dans une démarche inclusive, il est important de diversifier l'offre de produits et services afin de répondre au mieux à la demande locale », argumente le même responsable. Aussi, enchaîne M. Mazari, « l'Algérie a acquis une expertise intéressante dans le domaine de la finance islamique et peut apporter des solutions innovantes à même de répondre aux attentes du marché mauritanien ». Pour sa part, le Dr. Mehdi Bouchetara, maître de conférences «A» à l’École nationale supérieure de management, souligne que l'annonce du DG de l’AUB « constitue une étape significative pour l'économie algérienne ». Cette initiative « devrait dynamiser davantage le secteur financier en Algérie, qui a déjà enregistré une progression notable ces dernières années ».
En effet, explique l’universitaire, « avec une part passée de 1% à près de 4% des dépôts bancaires totaux en 2023, la finance islamique gagne en popularité grâce à une demande croissante et une gamme diversifiée de produits et services proposés par plusieurs établissements bancaires ». De plus, « l'expansion prévue des agences dédiées à la finance islamique, comme le projet « Alburaq » de la banque ABC Algérie, devrait rendre ces produits plus accessibles et visibles pour une clientèle variée, qu'il s'agisse d'individus ou d’entreprises ». En parallèle, la mise en place de structures de contrôle conformes à la charia islamique « garantit la légalité et l'éthique des opérations ». En somme, indique le Dr. Bouchetara, cette annonce « marque une avancée prometteuse pour l'extension et l'innovation dans le domaine de la finance islamique en Algérie ». Par ailleurs il convient de souligner que l’AUB prévoit dans sa feuille de route de se doter d’une autre agence à Zouérat.

Fouad Irnatene

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