Marché boursier : «Discuter en profondeur le cadre institutionnel»

Le marché boursier s’affirme comme un élément incontournable du décollage économique et, par ricochet, du système financier. L'ouverture du capital de deux banques publiques ainsi que des entreprises publiques dans le domaine industriel se fera à travers la Bourse. Avantageuse, garante de transparence, l’introduction en Bourse ne semble toujours pas attirer les entreprises. Passant au peigne fin les raisons de cette réticence, Rachid Lalali, universitaire à Béjaïa, indique que l’une des raisons principales est hautement liée à au fort attachement des chefs d’entreprise «au crédit bancaire classique, à la faiblesse de leur culture boursière et la méconnaissance des bienfaits que peut leur apporter la Bourse en cas d’introduction». D’autres facteurs expliquent ce peu d’engouement. L’universitaire, menant une enquête auprès des chefs d’entreprise d’un échantillon de 80 entités, relève «l’inadéquation des mécanismes de gouvernance et des systèmes de diffusion d’informations, ainsi que l’absence d’une stratégie d’entreprise orientée sur le long terme». Mais la question n’est pas uniquement l’affaire de l’entreprise mais aussi celle des autres acteurs qui l’entourent. Quant aux contraintes externes à l’entreprise, l’universitaire cite «le manque de confiance dans le système financier, le caractère rentier de l’économie algérienne et la détérioration du climat des affaires comme composantes principales de notre économie qui expliquent, en grande partie pourquoi les chefs d’entreprise sont hostiles à l’IEB». Outre ces trois facteurs, «l’importance de l’informel, l’inadéquation du cadre réglementaire régissant les opérations boursières et l’insuffisance des actions de sensibilisation et d’information sur les bienfaits d’une IEB sont aussi invoqués, même s’ils sont, à un degré moindre, contraignants». Ouvrant des pistes de recherche, le Dr Lalali propose, entre autres, de mieux orienter la réflexion vers l’examen des mécanismes de fonctionnement et d’organisation de la Bourse d’Alger, et de discuter en profondeur le cadre institutionnel dans lequel évoluent les entreprises et la Bourse en Algérie.
Notons que les résultats de l’enquête parue au dernier numéro des «Cahiers du Mecas» montrent à propos des conditions de financement bancaire que la quasi-totalité des chefs d’entreprise interrogés avait pour dénominateur commun le durcissement de ces conditions. «Plus de 60% des chefs de PME les perçoivent plutôt comme très difficiles à réunir». En outre, «l’utilisation d’autres formes de financements, en l’occurrence le leasing et le capital investissement, s’avère quasiment insignifiante au regard du crédit traditionnel». Bien que les raisons soient nombreuses et multiples, «les chefs d’entreprise, notamment de type PME, s’accordent dans leur majorité à affirmer le fait que l’absence de sources de financement alternatives constitue une des raisons principales de leur recours à la banque après la crise de 2014». Rappelons que des mesures sont prises pour faciliter l’introduction en Bourse. L’Etat a institué une exemption d’impôt sur la plus-value de cession, des droits d’enregistrement et la réduction de l’Impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) proportionnellement au taux d’ouverture du capital de l’entreprise cotée pendant 5 ans. Mais, selon les résultats de l’enquête, cette exemption, «même si elle paraissait incitative, est toujours insuffisante, selon 62% des chefs d’entreprise». Le second facteur suppose, «d’après plus de 50% des interrogés, la nécessité de la révision des procédures de répartition des marchés publics, notamment de grands montants, de sorte à instituer de nouvelles dispositions permettant de prioriser les entreprises cotées».
Fouad Irnatene

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