
Les réformes du secteur financier, initiées sur instruction du chef de l’État, sont à leur phase finale. Aussi, les réaménagements structurels opérés à ce niveau devront consacrer une nouvelle phase dans la conduite budgétaire, notamment la dépense publique qui doit obéir, dès 2021, à l’obligation de résultat.
Le ministre des Finances qui était, hier, l’invité du forum de la Chaîne I de la Radio algérienne a affirmé à ce propos qu’une dizaine de textes sur un total de 12 sont déjà finalisés. «Désormais, toute inscription de projet sera soumis à des mécanismes précis et à des conditions préalables rigoureuses dans un souci de rentabilité et ceci pour rompre avec les pratiques du passé quand les projets faisaient l’objet de réévaluations financières, jusqu’à cinq fois, ce qui est inadmissible». Au titre des réformes en cours, M. Aymen Benabderrahmane indiquera que le Gouvernement œuvre à mettre en place de nouvelles politiques de développement conformément aux orientations du Président de la République. Une approche réaffirmée, dira-t-il dans le sillage de la dernière rencontre Gouvernement-walis et de la conférence sur le plan de relance socioéconomique dont les aboutissements confirment cette nécessité d’adopter des politiques de financements nouvellement adaptées dans le but d’alléger la pression sur le budget de l’Etat par le biais du marché financier et de la Bourse. Aussi, a-t-il insisté, les réformes profondes initiées à ce niveau sont conformes aux mécanismes et standards internationaux en vigueur. En outre, le défi majeur au titre de la réforme financière est celui qui consiste à rétablir la confiance entre le citoyen et le système bancaire, fera savoir le ministre. Selon M. Aymen Benabderrahmane, le contenu de ces réformes sera connu au cours de la prochaine semaine. Dans le sillage de son intervention le premier argentier du pays a expliqué que l’ouverture d’agences bancaires, publiques, privées ou en partenariat, à l’étranger sera soumise à études préalables affirmant que le déploiement sur le continent est plus rentable par rapport à l’Europe où les conditions d’agrément sont différentes en plus de la concurrence qui caractérise ce marché. D’autre part, il a souligné que toutes les facilitations seront accordées pour l’ouverture de banques privées. Le cahier des charges est prêt et il n’y aura aucune contrainte pour la délivrance de l’agrément. A une question sur le manque de liquidité au niveau des bureaux de poste, le ministre a expliqué que le problème est conjoncturel et qu’il sera résolu dès octobre prochain. Aussi, devait-il préciser, le manque de liquidité est lié aux effets de la pandémie de Covid 19 sur la dynamique économique qui ont engendré des lenteurs au niveau des activités économiques, entre le 22 mars et le 31 juillet, plutôt qu’à autre chose comme il été colporté par certains. Au contraire, l’Etat encourage la consommation qui soutient le cycle économique et préserve l’emploi. Dans le même ordre d’idées, le ministre des Finances a exhorté les Algériens à recourir aux nouveaux modes de paiements électroniques, à éviter le cash et à réduire leurs retraits.
Relance économique : quatre grands axes
Abordant le volet inhérent à la relance de l’économie, le ministre des Finances a d’emblée rappelé l’engagement du Président de la République d’injecter un montant de mille milliards de dinars pour la concrétisation du plan du gouvernement, précisant qu’il s’agit de financements orientés vers les projets productif à rentabilité sûre. Il indiquera à ce propos que le plan en question repose sur quatre grands axes, à savoir, le nouveau port du centre (El Hamdania et Cherchell), la mine de fer de Ghar Djebilet, la mine d’El Aouinet (Tébessa) et enfin, celle du zinc (oued Amizour).
Des projets devant générer plus de 260.000 emplois à moyen terme et permettre la création de la richesse, ajoutera le ministre qui a fait la finalisation de ces projets. Sur un autre plan, l’invité du forum de la Radio nationale a souligné que la décision de non recours à l’endettement extérieur relève d’une position souveraine de l’Algérie qui tient à son indépendance financière. Dans le même sillage, le ministre des Finances a mis en avant la volonté du gouvernement de valoriser certains secteurs sous-exploités, notamment le Tourisme, la Pêche, et les Mines, sans rendement dans le PIB.
D’autre part, M. Aymen Benabderrahmane a réitéré l’intérêt de l’Etat pour le développement des zones d’ombres, soit plus de huit millions d’habitants. Une préoccupation majeurs, dira-t-il, et qui recommande de recenser l’ensemble des contraintes rencontrées à ce niveau. Dans sa lancée, il a affirmé que l’Etat consacre plus de 80 milliards de dinars annuellement au développement des communes déshéritées, soit un millier de communes. Et de souligner que ces financements passent par des fonds spéciaux pour réduire les dysfonctionnements entre les différentes localités.
Fiscalité : les réformes consacrées dans la LF-2021
Concernant la réforme du système fiscal, le ministre a tenu à souligner que le schéma actuel constitue une contrainte à la divesification de l’économie en ce sens qu’elle repose essentiellement sur le produit des recettes pétrolières. Aussi, les réformes fiscales qui seront consacrées dans la loi de finances 2021, sont censées concourir à l’amélioration des dispositifs de recouvrement, a-t-il soutenu.
Le ministre a admis dans son intervention l’existence d’importances défaillances dans les mécanismes de recouvrement de l’impôt en ces qu’ils n’obéissent pas à des normes scientifiques. Par la même occasion, le ministre a affirmé que la réforme a pris en compte l’aspect lié à l’allègement de la pression fiscale de même qu’elle prévoit des mécanismes pour garantir l’égalité devant l’impôt. Et d’assurer que les résultats de cette réforme connaîtront un début de concrétisation au premier semestre de 2021. A propos des difficultés rencontrées par les jeunes de l’Ansej, le ministre a affirmé que l’Etat a pris une série de mesures, fiscales et bancaires, pour sauvegarder l’esprit entrepreneurial et aider les jeunes porteurs de projets à poursuivre leur activité. Aussi, a-t-il déclaré que les dispositions en question seront finalisées dans les prochains jours.
Finance islamique : le produit «Takaful» disponible dans une quinzaine de jours
La finance islamique est une revendication sociale, en premier lieu avant d’être économique, selon le ministre qui a affirmé à ce propos, que par le passé, nous avons importé des méthodes qui ne sont pas adaptées aux besoins de la société.
Tout en espérant que cette orientation pour la finance islamique contribue à capter l’épargne publique, celle des ménages en particulier, M. Aymen Benabderrahmane a annoncé le lancement d’autres banques publiques sur cette voie tout en faisant part de l’introduction d’un nouveau produit dit «Takaful», un complément à la finance islamique opérationnel dans les deux prochaines semaines.
Valeur du dinar : un seul déterminant, l’économie
Interrogé sur les fluctuations de la monnaie nationale, le ministre des Finances a précisé que la force de la monnaie est liée à celle de l’économie. On ne peut avoir un dinar surévalué si on n’a pas une économie forte, a-t-il souligné. Aussi, le dinar ne recouvrera son équilibre quantitatif qu’à travers l’orientation à la consommation du produit local, et la dynamisation de l’économie. Dans cette optique, le ministre a affirmé qu’il n’est pas censé d’associer le dinar avec le marché parallèle. Pour cause, arguera le ministre, la valeur nominale du dinar est restée stable tout au long de ces trois dernières années. Enfin, le ministre a affirmé la poursuite des opérations d’indemnisations conséquemment à la pandémie de covid 19 et des catastrophes qui ont frappé les populations de Mila et de Oued Souf. Pour conclure, M. Aymen Benabderrahmane a fait part de l’ambition de l’Algérie de figurer dans le G 20 d’ici cinq ans.
D. Akila