
Un projet de loi bientôt devant les députés, deux économistes se penchent sur le climat des affaires.
«La loi sur l’investissement est fin prête». Cette affirmation, du Premier ministre Aymen Benabderrahmane porte en un appel solennel : l’Algérie prépare déjà la phase post-Covid-19 et compte devenir une destination de choix pour les investisseurs.
Plus rassurant, le Chef de l’Exécutif précise que la loi en question a bénéficié d’une révision «profonde pour qu'elle soit au diapason de la politique de l'Etat tendant à diversifier l'économie hors hydrocarbures-». Joint par nos soins pour davantage d’explications, Farouk Nemouchi, docteur d’Etat en sciences économiques à l’Université de Constantine, souligne que «le préalable à la révision de la loi est d’établir un diagnostic rigoureux pour identifier les causes qui freinent le développement de l’économie nationale». Aux yeux de l’économiste, il s’agit à titre d’exemple de «comprendre pourquoi, en dépit d’un discours officiel qui appelle à la diversification de la production depuis plus de trente ans, le pays reste toujours tributaire de ses revenus pétroliers et gaziers». Il est aussi essentiel de «comprendre la faiblesse structurelle de l’efficacité économique». Pour le Dr Nemouchi, «il est contreproductif de multiplier les dispositifs de soutien au financement des entreprises, d’accorder des avantages financiers, fiscaux et autres facilités si la rentabilité du projet n’est pas démontrée. Le secteur de l’industrie automobile en est la meilleure illustration ». Quant aux IDE, l’universitaire estime que pour apprécier l’impact de la règle 51/49, «il faut faire un bilan de son application pour savoir si elle a servi efficacement l’économie nationale ».
L’environnement de l’entreprise, enchaîne le Dr Nemouchi, «ne s’arrête pas à la seule dimension juridique. Le climat des affaires est influencé par un environnement global comme l’attestent les modèles de type Pestel : politique, économique sociologique, technologique, écologique, légal». Plus précis, il affirme qu’ «une loi n’a de sens que si les conditions de sa mise en œuvre de manière efficace sont réunies». De son côté, Souhil Meddah, expert financier, affirme qu’une révision profonde doit se pencher au moins sur trois chapitres. Il est question, dit-il, de faire un état des lieux de départ, «sachant que les indicateurs conjoncturels actuels mettent les pouvoirs publics sous une pression qui fait appel à des orientations d’ajustement imminentes, sans perdre de vue les critères qui se manifesteront après dans les futurs proche et lointain». Un plan d’action doit composer avec des ressources disponibles de fait «afin de les mobiliser et de les recycler dans une optique de multiplication et de maximisation des richesses». L’autre chapitre a trait aux modèles de croissances projetés. Dans cette optique, M. Meddah appelle à classer les priorités par rapport aux questions vitales.
Il indique à titre d’exemple que le «plein emploi qui ne peut se réaliser sans une contribution directe de l’Etat, de la distribution et la redistribution des revenus et des politiques de financement et de collecte de l’épargne, compte tenu des marges de manœuvre qui ne sont pas au plus haut niveau». Sur sa lancée, M. Meddah évoque la mise en œuvre d’un mode opératoire sur la scène entrepreneuriale dans une vision microéconomique, qui doit coïncider avec des conditions d’investir plus souples et plus flexibles.
Fouad I.