
Six banques publiques ont connu, jeudi, des changements à leur tête, opérés par le ministre des Finances, Aymene Benabderahmane. Désormais, avec l’élimination du poste de PDG, ces entités seront confiées à un président du conseil d'administration et à un directeur général.
La consistance de la dépense publique dans le financement des besoins de l’économie nationale, les déficits budgétaires cycliques et la contraction des ressources du pays sont parmi les facteurs à l’origine de la montée en cadence de la dette publique intérieure de l’Algérie au cours de ces dernières années. Cette dernière est passée de 45,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2019 à 51,4% en 2020, selon les données de la Banque mondiale. La même source a prévu dans un récent rapport que ce volume augmenterait dans les années à venir, pour atteindre 56,1% du PIB en 2021, 60,5% en 2022 et 65,3% en 2023 du fait que «l’économie algérienne s’est fortement contractée en 2020 en raison de mesures visant à contenir la pandémie et une baisse significative de la production d’hydrocarbures, contribuant à une détérioration majeure des déficits». Mais la question qui se pose est de savoir si, dans sa proportion actuelle, le niveau de notre endettement intérieur est réellement préoccupant, ou, au contraire, il s’agit d’un outil de la politique économique qui permet de générer de la croissance et, sous quelles conditions il peut être considéré comme tel ? Selon certains experts, «l’effet de la dette publique sur la croissance économique dépend du niveau du ratio d’endettement public en pourcentage du PIB». En clair, «pour atteindre une forte croissance, les économies doivent viser des niveaux inférieurs de leur seuil de dette publique». Une seconde hypothèse suggère que «la mauvaise gestion des financements publics, les investissements improductifs et la mauvaise gouvernance sont à l’origine d’une absence d’effets réels de l’endettement public sur la croissance économique dans certains pays de la région MENA». Une étude traitant de la «Corrélation entre la dette publique et la croissance des économies des pays de la région MENA» dont l’Algérie, (Revue des études financières, comptables et de management administratif), souligne que «l’effet de la dette publique sur la croissance économique est positif jusqu’à un niveau de dette de 40%. Au-delà de ce seuil, toute hausse de la dette publique entraîne un effet récessif sur la croissance économique», en raison, «principalement de l’existence d’un réel problème dans l’utilisation des ressources issues de l’endettement». En conséquence, pour atteindre l’objectif d’une forte croissance, «les économies doivent viser des niveaux inférieurs de leur seuil de dette publique». Sur la base de ce qui précède, «l’endettement public est considéré comme un outil légal de politique économique qui permet de créer la croissance à condition qu’il soit géré avec prudence». Considérant le mode de financement de l’économie nationale et l’origine de ses ressources, «l’allocation efficace du capital peut se concevoir à travers l’organisation d’un vaste marché de la dette publique négociable sur lequel l’Etat pourrait proposer des titres tant monétaires, de types bons du Trésor, qu’obligataires sous forme d’emprunts à taux fixe, voire à indexation sur une référence quelconque (un indice d’évolution du niveau général des prix nationaux est envisageable», suggèrent, pour leur part, des économistes, auteurs d’un «Plaidoyer pour l’établissement d’un marché de la dette publique négociable en Algérie» dans le cadre d’une analyse publiée dans la «Revue algérienne de finances publiques». Ainsi, «l’Etat s’endetterait afin d’investir dans de nouvelles activités productives par l’acquisition de licences d’exploitation ou de biens d’équipements matériels». Ces experts estiment aussi qu’une norme de 60% à 70% du PIB national annuel (ressources minières comprises) serait acceptable pour un tel endettement, dans une période non inflationniste».
D. Akila