
On parle d’inflation quand le niveau général des prix augmente et le taux d’inflation actuel en Algérie reste problématique, d’autant plus que la Loi de finances 2021 prévoit une légère accélération cette année pour atteindre 4,5 %, en raison de la baisse de la consommation des revenus des ménages et des sociétés, suite à l'exécution des instruments de la politique monétaire.
En 2023, il se situera à 4,72 %. Analysant l’impact de la politique monétaire sur l’inflation en Algérie durant la période 2000-2019, Brahim Bouyacoub de l’Université Oran 2 souligne que l’inflation est «fortement corrélée par la masse monétaire et le taux de change». En d’autres termes, il relève «une relation de causalité unidirectionnelle de la masse monétaire et du taux de change vers l’inflation». De son côté, Zaoui Djamila, de la même université, explique que depuis les années 90, l’objectif prioritaire de la politique monétaire menée par la Banque d’Algérie est de «maintenir l’inflation à un niveau bas et relativement stable». Quant aux instruments utilisés par la politique monétaire, l’universitaire «constate que c’est le refinancement bancaire qui a été le plus utilisé et ce jusqu’à la fin de l’année 2001». En effet, à partir de 2002, le marché monétaire a connu un excès de liquidités.
La politique monétaire a renforcé les instruments directs qui sont les réserves obligatoires et l’encadrement du crédit dont l’objectif de contrôler la croissance de la masse monétaire, comme il y avait l’application d’un autre instrument indirecte qui est la reprise de liquidités par appel d’offres. Mais la non efficacité de ces instruments a mené la Banque d’Algérie à pratiquer, comme l’explique l’universitaire, «le ciblage d’inflation en 2012». Le taux d’inflation était fixé par un taux plafond de 3 %, pour mettre fin à la croissance des prix, mais les taux d’inflation consécutifs ont dépassé le taux ciblé. Et Zaoui d’expliquer que «le ciblage d’inflation était une stratégie mal choisie par les autorités monétaires». Abondant dans le même sens que son collègue, elle affirme que «le taux d’inflation est fortement corrélé avec la masse monétaire et les avoirs extérieurs».
L’universitaire dira que «les recettes tirées par l’exportation des hydrocarbures engendrent un problème de gestion de liquidités au niveau de banques publiques, c'est-à-dire que la surliquidité procurée va être utilisée de manière illégale», a-t-elle enchaîné.
Pour cela, «il faut mettre en place des nouvelles instructions dont la création d’une insuffisance de liquidités au niveau des banques pour faciliter la mise en œuvre de la politique monétaire, la modernisation du système financier et particulièrement le circuit bancaire à travers le renforcement de la supervision et la surveillance».
L’excès de liquidités doit être, lui, «destiné au financement de l’économie afin d’améliorer la croissance économique, auquel s’ajoute l’impérative forte intégration du marché boursier dans le système financier dans le but d’élargir le champs devant tous les agents financier et non financiers».
Aux yeux de l’universitaire, la politique monétaire «doit être renforcée par l’amélioration de plusieurs conditions qui sont l’indépendance de la Banque centrale, la supervision du système bancaire par l’introduction des nouvelles instructions dans le but de contrôler la masse monétaire qui circule dans le marché monétaire.
Fouad Irnatene