
Le Gouvernement compte asseoir une politique industrielle efficace. C’est l’un des axes majeurs de la gestion de la conjoncture actuelle et la phase post-pandémie. Par quels leviers mener cette démarche ? Pour Ali Harbi, consultant en stratégies de développement durable et gouvernance, cette politique devra «inscrire la production nationale dans la tendance mondiale vers des produits plus écologiques, bio, et bien entendu à plus faible impact en termes d’émissions de CO2 sur leur cycle de vie». Ce tournant mondial de l’industrie verte, explique-t-il, «s’inscrit dans les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, et constituera de plus en plus, à l’avenir, un critère d’investissement et de compétitivité industrielle». En effet, les efforts de l'Algérie pour encourager la consommation d'énergie propre, comme le gaz naturel, lui ont permis de jouir d'une situation avantageuse en termes d'émissions de gaz à effet de serre et de pollution.
En chiffres, l’Aprue prévoit que le programme national de l'efficacité énergétique (PNEE) permettra une réduction sensible des émissions algériennes de gaz à effet de serre, pouvant dépasser 193 millions de tonnes de CO2 à l'horizon 2030. De leur côté, Amel Hamhami et Ahmed Smahi, universitaires, indiquent que «la réglementation joue un rôle important dans l’innovation de pratiques et technologies environnementales par les entreprises industrielles». Pour eux, «l’écologie industrielle peut être présentée comme une nouvelle pratique du management environnemental». Cependant, préviennent-ils, «sans la mise en place de la politique technologique, les incitations sont insuffisantes pour la création et la diffusion des technologies nouvelles». Notons que les pays qui utilisent de plus en plus des taxes liées à l’environnement trouvent qu’elles constituent l’un des instruments d’action les plus efficaces. «La clé d’un développement durable réside dans la combinaison de technologies, d’innovations organisationnelles et de changements dans les modes de vie», expliquent les deux universitaires. D’une part, «l’innovation concerne les processus productifs, l’organisation de l’activité économique et les formes institutionnelles». D’autre part, «les industriels et les consommateurs devront changer leurs habitudes s’ils veulent améliorer leur bien-être, sans souffrir de la dégradation de l’environnement». Une autre manière de dire que l’écologie industrielle doit fusionner avec l’écologie politique afin de proposer un modèle de sortie de crise. Au plan continental, le même besoin est exprimé. La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a souligné que nombre de pays du continent ont déjà mis en place les cadres stratégiques et normatifs pour l’industrialisation écologique. Un nombre appréciable d’entreprises met en œuvre des mesures écologiques, motivées à la fois par les exigences juridiques et les possibilités de retours sur leurs investissements ainsi que par la nécessité d’avoir un modèle commercial durable à long terme. En substance, à moyen et long termes, la croissance verte, selon certaines prévisions, devrait induire une rentabilité économique accrue. Des investissements verts dans la terre, l’eau et l’énergie entre 900 milliards et 1.700 milliards $US pourraient générer des rendements économiques compris entre 3 et 3,7 trillions $US par an.
Fouad Irnatene