
Tout en soulevant les lacunes du système d’information économique et social qui figurent sans conteste parmi les tares qui caractérisent le mode actuel du fonctionnement de l’économie, CARE appelle à pallier cette défaillance, «une nécessité vitale en ces temps de révolution mondiale des technologies de l’information et de la communication». Le cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise qui compte cibler prochainement les différents secteurs dans lesquels cette lacune est manifeste et précise que le focus est porté aujourd’hui sur les données relatives aux institutions en charge de la protection sociale, en l’occurrence la Cnas, la Casnos, la Cnac et la CNR qui ne publient pas leurs comptes. «C’est pourtant une information importante, à laquelle ont droit les millions d’Algériens qui cotisent» sachant que «la publication de comptes annuels permet de voir les cotisations collectées, par secteurs d’activité et par catégorie de cotisants, ainsi que l’usage effectif qui en est fait : c’est le niveau minimal de la redevabilité envers le public», souligne CARE. Citant des exemples de pays voisins et ceux de l’OCDE dont les caisses de sécurité sociale publient régulièrement les comptes et rapports d’évaluation établis notamment par les instances parlementaires, CARE déplore le fait que «la même remarque générale s’applique à tous les autres segments de notre système de protection sociale». Aussi, «chaque institution est tenue de rendre compte à la population des éléments essentiels de son activité» à l’instar des entreprises publiques et privées qui déposent obligatoirement leurs comptes annuels au CNRC qui, à travers leur publication, les rend accessibles à tous. «L’Etat lui-même présente à l’assemblée nationale les données principales concernant son budget annuel, lesquelles font l’objet de publication au Journal officiel. Même si on peut regretter les quelques années de retard mis à l’élaborer, une loi de règlement rend compte de manière détaillée des conditions d’exécution de chaque budget annuel», fait remarquer CARE. «Par des informations éparses puisées çà et là, nous savons que ces caisses sont confrontées à des difficultés sérieuses qui menacent leurs équilibres financiers. On y apprend que le déficit annuel de la CNR est de l’ordre de 600 à 700 Mds de DA.» La même observation s’applique aux autres caisses dont les finances seraient elles-mêmes l’objet de tensions très fortes dont chacun sait qu’elles sont exacerbées autant par le contexte de crise sanitaire que par les difficultés plus récurrentes à collecter des ressources au sein d’une économie gangrénée par l’informel. Soulignant que ces caisses sont des organismes dont la gestion est intimement liée à l’avenir des politiques de santé, de la capacité à accéder à des soins de qualité ou de la garantie concrète des retraites futures, CARE considère que la publication régulière de leurs comptes relève en conséquence d’une nécessité démocratique de premier plan.
D. Akila