Mouadh Tabainet, président de l’Anpha, à El Moudjahid : «Un grand pas dans le domaine pharmaceutique»

L’Algérie entamera dès demain la production de ses premiers lots de vaccin anti-Covid. Un événement que le président de l’Association nationale des pharmaciens algériens (Anpha), Mouadh Tabainet, qualifie tout simplement d’historique. Il y voit un pas très important vers le développement de la production de vaccins en Algérie et le transfert technologique qui va, selon lui, ouvrir les portes vers la production de thérapies innovantes et les protocoles thérapeutiques.

Entretien réalisé par Kamélia Hadjib

El Moudjahid : L’Algérie va produire son propre vaccin anti Covid-19. Comment qualifiez- vous cet événement ?

Dr Tabainet : Tout d’abord, nous félicitons Saidal et l'industrie pharmaceutique algérienne pour cette réalisation. La fabrication des vaccins est un process complexe, soit en partie ou en entier. Valider un site par nos partenaires pour cette opération était déjà un grand pas. Maintenant, on est devant la libération des premiers lots du vaccin. Cet événement historique constitue un pas très important vers le développement de la production de vaccins localement et le transfert technologique qui va ouvrir les portes pour cette industrie jeune mais aussi vers la production des thérapies innovantes et d’autres protocoles thérapeutiques qui n’existent pas en Algérie.

Vous dites que c’est un événement historique. Qu’est-ce qui vous pousse à penser de la sorte ?

La définition de la sécurité sanitaire avec cette pandémie a pris d'autres aspects. Après les capacités de dépistage, la maîtrise des ressources et de l'approvisionnement des médicaments, on est encore devant un nouvel aspect stratégique, à savoir le développement des protocoles thérapeutiques et des vaccins.À l’heure actuelle, assurer la disponibilité du vaccin anti-Covid est primordial pour arriver à vacciner la population concernée.
Et le développement de cette industrie renforcera notre indépendance à l'importation et augmentera la compétitivité de notre industrie pharmaceutique. Il faut savoir que l'Algérie est reconnue comme un pays discipliné dans l'application des calendriers vaccinaux. Cependant, nous importons pratiquement 100 % de nos vaccins. Ce transfert doit être à mon sens valorisé et exploité comme une opportunité pour ouvrir les portes à notre jeune industrie pharmaceutique afin d'investir ce terrain de développement et de la production des vaccins.

Comment dès lors développer cette industrie pour aller vers la production des autres vaccins?

Devant le devoir de passer à un pays producteur de vaccins, l’Algérie doit revoir sur le plan réglementaire toutes les mesures susceptibles d’ouvrir les portes aux producteurs nationaux pour investir dans ce créneau afin de faire de cette industrie un facteur de développement national. Le vaccin est un besoin permanent et l’Algérie peut devenir un pôle ou, du moins, premier pays africains exportateur de vaccins en Afrique. Sur le plan géopolitique, on doit réfléchir à exploiter cette étape pour répondre aux besoins des pays voisins et le marché africain. Des accords dans le cadre des campagnes de vaccination en Afrique peuvent se transformer par la suite en opportunités d'export pour notre industrie pharmaceutique locale.
K. H.

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