Un vibrant hommage a été rendu, jeudi dernier à Tizi Ouzou, à l’ancien moudjahid et militant de la Fédération de France du FLN, Mohamed Badkouf, par le comités des villages de sa commune natale, Iflissen, les organisations de la famille révolutionnaire, la direction locale des Moudjahidines et des Ayants droits et le musée régional du Moudjahid. Mohamed Badkouf a rejoint très jeune les rangs de la Fédération de France du FLN.
Selon le témoignage de Khelifa Méderes, ancien cadre de cette Fédération, c’est le moudjahid Slimane Amirat, lui aussi responsable au sein de la même organisation, qui a recruté le jeune Mohamed Badkouf, lors d’une rencontre impromptue à Paris, avec un autre militant, Akli Cherkit en l’occurrence, qui était en compagnie de ce jeune, qui venait d’arriver d’Alger, pour rejoindre son père qui était à l’époque chef d’une Kasma FLN en France. Khelifa Médres a avoué qu’il ne connaissait pas personnellement le militant Mohamed Badkouf avant sa rencontre dans les années 70 avec le grand moudjahid Slimane Amirat, qui lui avait parlé du passé révolutionnaire de ce jeune originaire du village Issenadjène (Iflissen).
Le jeune Badkouf était non seulement «jeune et beau», mais il a avait aussi un «profil européen», un profil fortement recherché par les responsables de la Fédération, pour faciliter la circulation sans suspicion des militants de l’organisation», a-t-il expliqué, en se basant sur le témoignage de Slimane Amirat qui l’avait enrôlé dans les rangs de l’organisation spéciale de la Fédération. Juste après cette rencontre, le jeune Badkouf est vite mis dans le bain par son mentor, qui l’avait chargé d’une mission délicate consistant en la récupération d’un cabas rempli d’armes chez un certain Janou, un homme de nationalité algérienne. Après avoir réussi cette première mission, Dda Moh a été chargé de plusieurs autres missions, dont celles de guider des groupes de choc, comme lors de l’attentat de la rue Maure, dans le 19e arrondissement parisien, et de cacher des militants recherchés. «Alliant souplesse du corps, force d’âme et amour pour le pays, il exécutera plusieurs missions, avant d’être arrêté et torturé», décrit l’écrivain Lounes Ghezali dans un portrait qu’il lui a consacré. Selon ce dernier, le moudjahid Badkouf «ne mâche pas ses mots pour dire que ses bourreaux étaient plutôt des gens de chez-nous, des harkis, établis dans un hôtel du 18e». Le jeune militant est arrêté le 24 décembre 1959, à l’avenue Secrétan.
Lors de son arrestation, la police trouve chez lui un pistolet 9 mm Mac 50. Dda Moh a été incarcéré à la prison de la Santé de 1959 à 1962, selon son témoignage. Lors de l’hommage qui lui a été rendu, tous les intervenants ont salué l’homme courageux, patriote, intègre et profondément humaniste. Enveloppé d’un burnous blanc immaculé, en présence du SG de la wilaya, Miloud Felahi, et d’une foule nombreuse de ses concitoyens et concitoyennes de l’arch Iflissen, le moudjahid Badkouf, profondément ému par cette charge symbolique, qui se dégageait de la salle, a remercié les initiateurs de cette rencontre en son honneur et promet de continuer de servir son pays et sa région du haut de ses 80 ans.
B. A.