
Ex-président du Centre opérationnel au ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, expert des problèmes de sécurité dans le Sahel, Hassen Kacimi a été chargé de la gestion des crises et de la politique de prise en charge des problématiques migratoires. Pour El Moudjahid, il décortique le plan d’action du gouvernement, notamment le volet lié à la Consolidation de l'État de droit et à la rénovation de la gouvernance, estimant qu’il s’appuie beaucoup sur la promotion de nouveaux leviers de croissance économique et de développement social.
Entretien réalisé par Soraya GUEMMOURI
El Moudjahid : Votre analyse du Plan d’action du gouvernement ?
Hassen Kacimi : Le plan d’action du gouvernement est très riche. Il tend, en fait, à concrétiser les 54 engagements du président de la République, et les instructions et orientations données lors de différentes réunions du Conseil des ministres. Le volumineux document, qui s'appuie également sur les recommandations issues d'un ensemble d'événements majeurs organisés en 2020 et 2021 autour des thématiques visant la promotion de nouveaux leviers de croissance économique et de développement, évoque aussi , comme vous venez de le souligner, la double rénovation qui concerne, à la fois, l’État de droit et la gouvernance. En somme, tout a été examiné au peigne fin et rien n’a été laissé au hasard. C’est pourquoi, la réalisation, sur le terrain, de ces orientations et de nombreuses mesures nous permet de faire le saut qualitatif attendu. En réalité, nous n’avons d’autre choix que de réussir, parce que, dans le cas contraire, nous aurons, hélas, toutes les chances de disparaître dans les dizaines d’années à avenir ; ce que nous ne souhaitons nullement. Aussi, la seule issue de secours est de suivre à la lettre le Programme du président de la République, qui insiste sur la bonne gouvernance qui reste la condition sine qua non au progrès. Ce qu’il y a lieu de retenir, également, c’est que la bonne gouvernance repose essentiellement sur le pilier de l’évaluation quotidienne des actions menées. Le chef de l’État s’est, d’ailleurs, exprimé à ce sujet, lors de la cérémonie organisée en l’honneur des champions paralympiques. En effet, en exhortant les responsables d’aller vers des évaluations quotidiennes, le président de la République a envoyé un message très fort et très important à tous les secteurs, et pas uniquement celui des Sports ; un message qui vaut son pensant d’or, car la modernisation de l’État passe inéluctablement par les évaluations quotidiennes, et on ne doit pas attendre la fin de l’année pour observer la halte-bilan, pour corriger telle ou telle éventuelle erreur, parce que l’évaluation des actions entreprises doit être un travail continu ; c’est là une des clefs de la réussite.
Quelle est votre opinion sur les volets relatifs à la vie politique ?
Le Plan d’action du gouvernement est un document qui touche l’ensemble des secteurs d’activité, tout en mettant l’accent sur deux volets essentiels que sont les volets politique et économique. Concernant le volet politique, il faut dire que le problème nodal à régler dans les plus brefs délais possibles a trait aux réformes structurelles. Aujourd’hui, force est de constater que les réformes structurelles qui figurent parmi les engagements du gouvernement sont à même de garantir à notre pays la sécurité alimentaire et sanitaire, et, également, le développement souhaité à tous les niveaux. Toutes ces réformes pérenniseront la force de notre nation, sachant que dans le domaine des relations internationales modernes, on est en phase de passer à une étape où les États faibles n’existent pas.
Le gouvernement veillera à assurer un plein exercice des droits et libertés, à travers un assouplissement profond du cadre juridique pour la création des associations, des partis politiques et pour les exercices des droits de réunions et de manifestations pacifiques dans le strict respect de la réglementation en vigueur…
Cette révision profonde des textes législatifs et, le cas échéant, des textes réglementaires, en vue de consacrer un exercice plein des droits et des libertés, intervient, il faut le souligner, consécutivement à l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions constitutionnelles ; et cette révision des textes s’inscrit toujours dans le cadre de la consolidation de l’État de droit. Par conséquent, il est attendu, prochainement, un assouplissement profond du cadre juridique pour la création des associations, des partis politiques et pour les exercices des droits de réunions et de manifestations pacifiques, mais qui se déroulent dans le strict respect de la législation et de la réglementation en vigueur. Il s’agit d’une étape tout à fait normale après la révision de la Loi fondamentale du pays, de manière à ce que les autres textes de loi de la République puissent répondre aux exigences de la Constitution.
Le texte évoque par ailleurs la moralisation de la vie publique. Un mot à ce sujet ?
La moralisation de la vie publique nous renvoie directement à la lutte contre la corruption. Pour ce faire, le cadre juridique est déjà mis en place et les institutions en charge de cette mission existent aussi. En clair, pour ce qui concerne la lutte contre la corruption, tout le processus a été mis en place et en branle. Il reste, cela étant, une autre question qui concerne le blanchiment d’argent. Il faut savoir, dans ce cadre, que l’Algérie a signé toutes les conventions internationales en matière de lutte contre le terrorisme et de blanchiment d’argent, et l’on peut dire fièrement aujourd’hui qu’on est entrain de sortir de la gestion la rente vers l’État de droit. Seulement, voilà, la transition pourrait être douloureuse, puisque l’on sait qu’il y a de très fortes réticences au changement et que des parties étrangères veulent que notre pays ne puisse pas profiter pleinement de la démocratie. S. G.