Les prix des fruits sur les marchés se sont stabilisés au-dessus des 200 DA le kilogramme, en cette saison estivale. Une saison connue pour la diversification et l’abondance de l’offre des fruits, notamment les pêches, abricots, pommes, raisins, pastèques et melons de toutes sortes, sans oublier les prunes et les poires, qui entraîne habituellement une baisse logique des prix en cette période. Cependant le changement climatique, dont les effets dévastateurs s’accentuent d’année en année, a lourdement impacté la production agricole du pays cet été suite à une vague de chaleur extrême qui a frappé l’Algérie et plusieurs régions du monde, entraînant sécheresse et feux de forêt.
Contacté par nos soins, le président de l’Organisation algérienne pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a déclaré que comparativement avec l’été dernier, les prix des fruits de cette année sont élevés et a cité à titre d’exemple la pastèque qui ne se vend pas sous la barre des 100 DA/kg contre 50 DA en 2022. «Cette hausse des prix des fruits est due à plusieurs facteurs, notamment climatiques, outre la régulation du marché, la cupidité des commerçants », estime Mustapha Zebdi pour qui, le problème de la disponibilité et de la qualité des fruits de saison commercialisés en Algérie ne se pose pas actuellement du fait qu’ils ne proviennent pas d’une seule ferme, mais de plusieurs, réparties à travers le territoire national. ‘’Donc, se félicite-il, on a une diversité dans la production». Pour sa part, l’expert agricole Haddab Benalia considère que la production fruitière cette année a été directement touchée par les facteurs climatiques, particulièrement les températures caniculaires qui ont impacté le processus de formation des fruits. ‘’Certaines variétés de fruits ont besoin d’une température relativement basse par rapport aux températures enregistrées dans le pays cette saison estivale, à l’image du raisin, dont la croissance a été directement touchée au stade de maturité de certaines variétés précoces, à cause de la chaleur extrême’’, relève-t-il. Le deuxième facteur est lié, selon lui, au manque d’entretien approprié des arbres fruitiers. Et d’expliquer : ‘’Lorsque ces derniers sont sous pression et stress, il faut utiliser des agents anti-stress qui protègent la production des répercussions de la pression et du stress sur son rendement général. En Algérie, certains agriculteurs qui font appel aux agronomes et ont utilisé ces antibiotiques agricoles, mais la majorité des agriculteurs algériens ne l’ont pas fait ce qui explique le faible rendement des arbres fruitiers cette année’’.
Le spécialiste affirme par ailleurs que la culture des fruits a également été affectée par la sécheresse, qui a privé les arbres fruitiers d’un arrosage suffisant pour une production optimale. En ce qui concerne les solutions préconisées pour réduire l’impact du climat sur la production nationale des fruits, notre interlocuteur juge nécessaire de choisir des variétés ‘’adaptées’’ aux conditions climatiques spécifiques à l’Algérie, pleinement frappée par les effets des changements climatique dans région de la Méditerranée. Il préconise l’entretien adapté des arbres fruitiers en fonction des conditions climatiques, à travers la valorisation des expériences acquises et étudiées afin de les exploiter de manière ‘’avancée’’ pour ‘’développer’’ la production nationale. «Les arbres fruitiers doivent être redistribués selon les régions et le climat le plus propice à leur culture. C’est ce qu’on appelle la carte agricole. Par exemple, la culture des agrumes est mieux adaptée dans la région de la Mitidja, et les variétés précoces de raisins sont mieux cultivés dans les zones côtières», note Haddab Benalia. Ceci, outre l’adoption par le gouvernement d’une stratégie de replantation de certains fruits de saison tels que les pommes, les poires et les abricots, dont les quantités de production ont considérablement diminué depuis quelques années dans le pays, à cause des incendies de forêt qui se déclarent chaque été, notamment dans la région de l’Est connue pour la production de ces variétés. Salima Ettouahria
