
Les grands évènements sportifs sont un levier économique de premier choix. Partout dans le monde, l’événementiel international est indissociable de l’économie. Fethi Ferhane, économiste, nous parle, dans cette interview, des retombées économiques attendues des JM-2022.
El Moudjahid : Quelles sont, selon vous, les retombées économiques des jeux méditerranéens sur l'Algérie de manière générale et Oran en particulier ?
Fethi Ferhane : Les jeux méditerranéens, s’ils se déroulent dans de bonnes conditions, et je n’en doute pas vu les moyens et l’effort des pouvoirs publics pour réussir cet évènement, vont avoir des retombées économiques directes, telles que le flux de touristes qui accompagne les délégations sportives venues de pays méditerranéens et aussi en termes d’image d’attractivité de la destination Algérie, et Dieu sait que l’on a besoin de rattraper notre retard en matière de positionnement dans le marché international du tourisme.
D’autres secteurs peuvent bénéficier de cet évènement, à l’image de l’artisanat et des services de manière générale. A moyen et long termes, les infrastructures sportives de l’évènement seront utilisées dans d’autres évènements nationaux et internationaux et de ce fait généreront des revenus sur une longue période.
Comment les opérateurs économiques peuvent-ils en tirer profit ?
Ils profiteront d’abord de la mise à niveau en adoptant et en intégrant les normes et standards internationaux. Nous vivons dans une ère de mondialisation et de transformation. Nous ne pouvons pas être compétitifs si on ne se met pas au même niveau que les entreprises au niveau mondial, et ceci est valable pour une TPE ou PME. Ce n’est pas propre aux grandes entreprises, autrement nous serions hors compétition.
Nous devons enclencher un processus de refonte de la gouvernance et du management de nos entreprises, en incluant des méthodes, processus et moyens technologiques modernes, pour qu’un touriste ou un client étranger trouve les mêmes produits et services, si ce n’est meilleurs, que dans son pays ou des pays similaires, afin qu’il revienne et consomme de nouveau.
L’Algérie et les algériens espèrent promouvoir la destination touristique du pays à travers ces jeux méditerranéens. Quels sont, selon vous, les principaux éléments qui doivent être travaillés et valorisés pour ne pas rater une telle opportunité ?
L’élément primordial et la condition sine qua non est l’intégration et l’appropriation de l’évènement par la population.
L’engagement et la sensibilisation du citoyen dans l’organisation fera de cet évènement une réussite en termes déjà d’accueil des participants et des délégations, car l’événement c’est avant tout des rencontres et des échanges culturels.
Au-delà des aspects logistiques auxquels l’État a consenti un important investissement avec la réception prochaine de l’aéroport d’Oran et des infrastructures sportives, le management opérationnel d’un tel évènement en matière de commodités, d’hygiène et de sécurité, ainsi que les services d’hébergement et de restauration sont des facteurs importants dans la perception et l’appréciation de nos hôtes, car ces derniers sont habitués à vivre ce genre d’expérience à longueur d’année.
Les autres éléments, et non des moindres, renvoient à l’aménagement et l’entretien de la wilaya en termes de commodités de transport, d’espaces verts, de lieux culturels et touristiques, pour faire en sorte que le programme social en marge de l’évènement soit aussi une réussite.
Oran a bénéficié de projets structurants et stratégiques dans le cadre des préparatifs de ces jeux méditerranéens, et ce, dans les différents secteurs : nouvel aéroport, réseaux routiers, établissements d’hébergement de haut standing. Pensez-vous que cela va accélérer la cadence du développement de la wilaya à court terme ?
Il est évident qu’une ville ou un territoire ne pourra pas se développer sans infrastructures modernes afin d’accueillir les touristes et les investisseurs pour abriter des événements et des projets de grande envergure. Oran, de par son histoire, sa position géographique et ses potentialités, a l’opportunité de se hisser au rang de métropole méditerranéenne.
Ceci passe par une stratégie de développement du territoire, insufflée par la nouvelle vision de l’État et une exécution opérationnelle déployée par les élus et l’administration locale, sans oublier l’intégration du citoyen à ce projet, car si ce dernier s’approprie ce territoire et prend conscience des avantages et des retombées, il fera de toutes ces initiatives un franc succès.
La notion de compétitivité économique et territoriale doit être le leitmotiv de nos dirigeants et élus, afin de doter nos wilayas de capacités et d’infrastructures capables de vendre et fournir durablement des biens et services marchands sur un marché donné en situation de concurrence nationale et internationale. Enfin, l’investissement dans les équipements et les infrastructures doit être accompagné d’un investissement en scientifiques et compétences managériales, dans un monde en constante évolution et transformation.
A. S.