Djamila Issiakhem kabla à El Moudjahid : «La Casbah est un art de vivre»

A l’abord convivial, cultivée à souhait, et empreinte de beaucoup d’humilité, Djamila Issiakhem Kabla parle avec passion et à l’envie de la Casbah. Economiste de formation, cette ancienne guide déplore que tout un art de vivre ait pris la clé des champs.

El Moudjahid : Ce quartier mythique avec son mode de vie et ses artisans suscite-t-il l’engouement des visiteurs nationaux et étrangers ?

La Casbah par sa magie et sa lumière, par sa sociologie et sa population bigarrée depuis la nuit des temps, par son travail artisanal multiple qui se transmet de génération en génération et par la beauté de ses édifices, parfois uniques, attirent incontestablement les étrangers avides de connaissances autres qu’orientalistes et les nationaux assoiffés de repères. Parler de la Casbah, c’est poser les repères d’une ville sociologique avec ses mœurs et ses coutumes. De même que la convivialité intra-muros était essentielle où chacun et chacune avait un rôle à tenir.

Pensez-vous que le bâti de ce quartier a un cachet particulier ?

La Casbah, c’est d’abord une magnifique citadelle bâtie au 16e siècle, à plus de 118 m au-dessus du niveau de la mer surplombant la ville sur environ 52 ha jusqu’à l’Amirauté. Ses ruelles et impasses s’entrecroisent et dévalent, en escaliers, du haut de la citadelle, imprenable de par sa beauté et son histoire, jusqu’à la mer la colline. Chaque quartier était une agglomération où l’on trouvait la porte, la rue, le sabbat, la douéra avec son encorbellement en rondins de thuyas, la mosquée, la zaouïa, les échoppes à auvent, le hammam, etc.. C’était un ensemble de plus de 50 quartiers avec chacun un nom de reconnaissance. La Casbah et ses terrasses, lieu de vie des femmes où la gent masculine n’y avait accès qu’en fin de journée. La Casbah est un tout qu’il faut prendre de façon intrinsèque, et c'est ce qui lui donne ce cachet particulier.

A votre avis, vu son inscription au patrimoine mondial, sa rénovation et sa restauration sont-elles conformes aux dispositions de l UNESCO ?

Si certaines restaurations sont conformes, d’autres tardent à voir le jour et ce depuis des années. Il est déplorable d’avoir encore à attendre la restauration de ce vieux bâti qui malheureusement pose problème. Une restauration, quelle qu’elle soit, nécessite une concertation entre tous les corps de métier architectes, archéologues, historiens, restaurateurs, ainsi que des céramistes, des marbriers, des sociologues, mais aussi et surtout ceux qui y ont vécu... à savoir la population.

K. A.

 

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