Le nouveau roman «Le dernier maure de Francie» de Mustapha Bouchareb sort des sentiers battus par sa thématique d'actualité qui se circonscrit dans l’actualité. L’auteur nous a habitué à des sujets philosophiques sur la vie, la mort, les valeurs humaines et le côté sombre de l'homme. Cette fois-ci, il aborde un sujet d'actualité brûlante; le racisme, l'extrême droite et l’intolérance. Il plante son décor romanesque spatio-temporel dans la ville de la pucelle d’Orléans en exhumant et en ressuscitant deux personnages historiques : Jeanne d’Arc et Fadhma N’Soumer, deux rebelles qui ont lutté contre l'envahisseur. En revisitant ces deux héroïnes, il entre de plain-pied dans la grande Histoire de l’Algérie et de la France en faisant des clins d’œil à la petite histoire de citoyens lambda qui sont les personnages centraux de cette saga politique et humaine. C’est l’histoire de Nabil Radhi, jeune immigré qui, après un passage en Arabie saoudite comme professeur, s’exile en France. Celui-ci se trouve mêlé aux troubles qui sévissent à Orléans, suite au tollé général engendré par le factum de Maurice thorez. Cet ouvrage exhorte les Français au racisme contre les algériens de France, ce qui engendra une montée de haine et une sédition contre tout arabe. Ce parti des franciliens avec leurs milices, les loups de Francie, incitent à la violence, aux assassinats et aux ratonnades. cette violence pousse des algériens de France, dont Nabil Radhi, à intégrer le parti des Sarrasins avec pour cheffe Nestine Akeb, surnommée Fadhma N’Soumer. C’est donc un appel à la résistance des Sarrasins ou Maures contre le diktat du parti des français. Ce livre, au titre suggestif «le dernier maure Francie», est un roman où se mêlent réalité et fiction aux relents xénophobes, qui fait appel à une réalité, celle de la montée de l'extrême droite avec son corollaire de haine et de racisme. Nabil Radhi, pour échapper à la horde des loups de Francie, se cache dans une cave grâce à Gaëlle Baron, fille du docteur baron, pro-arabe qui dénonce la déportation des arabes. Cette déportation rappelle, selon l'auteur, l’histoire de l’Espagne avec les rois catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon qui, avec le tribunal de l’inquisition en 1478, ont chassé les arabes de ce pays. Cette saga sociopolitique, matinée d’hostilité et de sauvagerie d'une période houleuse, prend son substrat dans la réalité et l'histoire. Ce livre résonne comme une ode à l'espoir, à l'altruisme, à l'humanité et à la tolérance. «Le dernier Maure de Francie» est un beau roman qui interpelle tout un chacun épris de justice, de liberté et de tolérance. Si on se réfère à l’Histoire passée depuis les croisades (du XIe au XIIIe siècle) à ce jour, on comprend mieux pourquoi la guerre entre le croissant et la croix perdure encore à notre époque. Il est à noter que Mustapha Bouchareb, qui n’est plus à présenter, reste un écrivain prolifique qui sonde les méandres de l’âme humaine et les tréfonds du cœur. Il comptabilise de nombreuses publications, dont «ombres dans le verbe être par temps de pluie», «La Fatwa» et «Mère des cités». l’auteur ne cesse de nous surprendre pas sa verve imaginaire et par sa sagacité.
K. A.
