
Si le sport est synonyme de détente et de jeux, il n'en demeure pas moins que cette activité, notamment le football a eu depuis quelques années une aura internationale qui l'a placé sur le top du podium des sports. En outre, ce sport populaire à l'origine est entré de plain-pied dans le showbiz et dans le monde de la grosse finance. De sport populaire, il est devenu un sport avec une kyrielle d’élites ou de stars du ballon rond qui pèsent leur pesant d'or et qui s'achètent et se vendent au gré des transactions des clubs de foot de renommées internationales. C'est cette thématique qu'appréhende avec sagacité Nadjib Stambouli dans son nouvel ouvrage intitulé La footballeuse paru à Nouba éditions. Ce livre évoque l'histoire de Tinhinane, surnommée Tina, qui évolue très vite d'un petit club de village au football club de Marseille (FCM) en passant par football Club d'Alger (FCA) grâce à ses aptitudes exceptionnelles sur le terrain. D'un milieu modeste, Tina se voit comblée d'argent de gloire et de célbrité. Réfléchissant à son avenir, cette diplômée en sociologie, renonce à tous ses avantages afin de garder sa liberté. Tina ne fait pas preuve de cupidité ni a la grosse tête, elle préfère s'adonner à son activité sportive favorite, le foot, et abandonner le foot professionnel. Elle abhorre l'étiquettage des stars du ballon rond et les achats d'une star par des clubs concurrents qu'elle qualifie «d'esclavage». Elle réfute toute assimilation à ces transactions odieuses, «dégradant l'homme» comme elle le souligne «un marché d'êtres humain que je refuse de cautionner. Etre victime, avec mon aval, de la traite des sportifs et pour mon cas précis d'une traite des blanches, ce n'est pas mon idéal d'épanouissment» dit- elle avec conviction. Et d'ajouter «C'est un univers de transactions, de tensions, de pressions, où la loi de l'offre et de la demande est malaxée, triturée par des lobbies comme n'importe quel autre marchandise...... Seule la cécité mentale vous empêcherait de confirmer au quotidien cette triste réalité où des footballeurs, auxquels il ne manque que d'être indéxés sur le cours des matières premières, or, pétrole ou bauxite sont vendus au plus offrant». L'emploi dans le texte de mots caustiques et sarcastiques dénotent le souci de l’écrivain qui accentue sa diatribe sur le marcato; ce marché officiel des transferts de joueurs d'un club professionnel à un autre. Il fustige la rapacité et la vénalité des barons de clubs de foot ainsi que certains joueurs. Nadjib Stambouli dénonce le mercantilisme dans le domaine du foot régi par les lois du capitalisme. D'une écriture fluide et limpide, l'auteur livre à travers cette saga sportive un problème de notre époque qui a pris une ampleur insoupçonnée. C’est une idée originale qu'a eu l'auteur pour traiter d’un phénomène de socièté qui a fait tâche d'huile. C'est une histoire intéressante qui révèle les dessous d'un sport populaire devenu un enjeu cardinal des lobbies.
K. A.