Note de lecture, Agriculture algérienne : Entre progrès et regrets, un essai d’Ali Kader (éditions IMAL, 2020) : Une activité en mal de développement 

L’agriculture reste parmi les segments les plus importants de l’économie nationale, en termes de croissance de production, d’emplois, d’enjeux auxquels les acteurs qui le composent doivent y faire face. Même s’il a évolué dans certaines filières, ce secteur hautement névralgique a stagné dans d’autres filières. Selon l’auteur, toutes les politiques agricoles ont échoué et n’ont pas pu parvenir à opérer un véritable sursaut, en dépit des progrès enregistrés. L’agriculture a bénéficié de nombreux projets de redressement, de plans de développement qui ont mobilisé des budgets très conséquents. Pourtant, les résultats sont bien en deçà des attentes et des objectifs assignés par les pouvoirs publics depuis des décennies. «Pourquoi n’arrive-t-on pas à atteindre les buts tracés et comment faire pour y parvenir», se demande l’auteur. Il préconise une évaluation sereine, sans concessions, d’essayer de comprendre ce qui a marché peu ou prou, pour ensuite mettre en lumière les failles et proposer des solutions, même celles qui paraissent, de prime abord, irréalisables. Le secteur de l’agriculture a besoin d’un sursaut salvateur, et les réformes, bien qu’ardues, doivent être profondes, sérieuses et structurelles. Hors de ce cadre, point de salut. La boîte de pandore risque de s’ouvrir avec le spectre de la dépendance à l’égard de l’étranger, la perspective funeste de ne plus pouvoir payer la facture alimentaire, sans compter les menaces risques de famine, à long terme. Le pays, au cas où il n’arrive pas à régler ce problème de non-maîtrise de cette activité vitale, peut, du point de vue de l’auteur, tomber entre les mains des puissances étrangères et leur bras financier, le FMI. Parmi les différentes contraintes qui freinent ce secteur, Ali Kader cite une politique agricole cohérente, inexistante, un foncier rentier et social non rentabilisé, un financement désordonné, un environnement déstabilisé, une administration centrale tatillonne, une profession bureaucratisée, une dévalorisation des personnels techniques, l’insuffisance de la formation, etc. Ces contraintes ne sont pas exhaustives. Elles sont les plus apparentes et les plus agissantes. L’ouvrage est destiné à analyser ces dysfonctionnements, sans toutefois aborder les parties traitant des sous-secteurs des forêts et de la pêche, les aspects vétérinaires, sanitaires et phytosanitaires, l’utilisation des nouvelles technologies à travers l’automatisation des exploitations, l’irrigation informatisée, les mutations biologiques, la récolte des données par le biais des drones… En bref, l’agriculture du futur. L’essai s’est donc appesanti sur certaines questions au détriment d’autres, considérées pourtant comme structurelles. Le défi pourra-t-il être relevé ? L’auteur répond par l’affirmative au vu des potentialités que recèle le pays tant naturelles qu’humaines, il est même fort probable que des excédents seraient dégagés à condition de restructurer en profondeur le secteur agricole et son environnement. Ali Kader débuta sa carrière à l’ITMA de Boukhalfa, puis se voit confié plusieurs fonctions supérieures dans le domaine agricole. Il est aussi romancier. Il publia, entre autres, «Le vieux fusil», «La déchirure» aux éditions ENAG.

Mohamed B.

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