Mois du patrimoine (18 avril-18 mai), Archéologie : Une aventure humaine de plus de 2 millions d’années

De plus en plus dans le monde, les États prennent conscience de leur patrimoine archéologique et mettent en place une véritable législation pour le classement des sites nationaux ou universels.

Les pays situés autour de la Méditerranée, riches par leur flamboyant passé, possèdent pour leur part des sites et des cités remarquables, dont les vestiges sont encore visibles à ciel ouvert. C'est le cas de l'Algérie où toutes les périodes sont représentées, du paléolithique ancien à la chute de la Régence d'Alger au XIXe siècle sous l'empire ottoman.
Nos musées nationaux témoignent ainsi, à travers les vestiges archéologiques et les tableaux qu'ils renferment et qui y sont exposés, une aventure humaine qui date d'au moins deux millions d'années dans un territoire à la fois nord-africain, méditerranéen et africain. (Lire encadré intitulé «L’Algérie dans la préhistoire, recherches et découvertes récentes ; aux origines d’Homo sapiens».
C'est dire l'importance, au sein du Bassin méditerranéen, du rôle que joue notre pays dans cette histoire et cette culture car il est au cœur d'innombrables migrations d'animaux depuis des millions d'années, suivies par des événements migratoires de peuplements humains. Les expositions en question démontrent d'ailleurs le cousinage de l'ensemble des hommes et femmes des pays bordant la Méditerranée, et devraient faciliter par là les sentiments de fraternité et de respect mutuel.
La production des artistes…incite à réfléchir à une nouvelle économie de l’objet et de l’espace
«Ce ne sont pas les murs qui font une cité, ce sont les hommes», affirmait Platon. On serait tenté d'ajouter que les artistes devraient alors se charger de la réinventer (la cité)… Ne serait-ce qu'à travers la grande exposition d' objets préhistoriques qui s’est tenue au Musée National du Bardo en mars 2016, exposition intitulée «L'Algérie dans la préhistoire, Recherches et découvertes récentes», la production des artistes, ici par leurs gestes et leurs œuvres, incite à réfléchir à une nouvelle économie de l'objet et de l'espace, davantage centrée sur la dimension humaine, en ramenant l'objet sublime à l'expression du beau dans l'utile et le quotidien. A l'image de la ville de Ghardaïa, les sites préhistoriques mis en exergue par l'exposition du Bardo ne pouvaient que figurer en bonne place dans le Panthéon des sites inscrits au patrimoine de l'humanité. Ville historique, ville traditionnelle, villechangeante, ville mouvante, Ghardaïa voudrait incarner cette cité-patrimoine du IIIe millénaire, mariant avec harmonie urbanisme, architecture et nature et ne s’interdisant aucune audace. «Ici, c’est l’art qui développe les ressources des lieux : c’est lui qui prépare l’abondance des siècles à venir». (C.N Ledoux dixit).
(*) Les objets trouvés dans le site d’Ain Boucherit (Sétif) datent de deux millions quatre cent mille ans.
Kamel Bouslama

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«L’Algérie dans la préhistoire, recherches et découvertes récentes» Aux origines d’Homo sapiens

Dans une scénographie digne des grandes expositions culturelles de par le monde, s'est tenue, en mars 2016 au Musée National du Bardo, une exposition multidimensionnelle intitulée «L'Algérie dans la préhistoire, recherches et découvertes récentes»… Il faut dire que cette exposition, notamment axée sur le portrait morphologique et culturel des premiers Algériens «modernes», ainsi que sur la description de la biodiversité environnante de l'époque, s’était proposée de rendre compte au large public des fouilles conduites par des archéologues algériens, fouilles qui ont permis de faire des découvertes significatives, pour la plupart inédites, le matériel collecté et étudié ayant donné lieu à des publications riches en informations sur les plus anciennes cultures de notre pays.
Des chapitres entiers de la préhistoire algérienne révolutionnés
Ce qu'on peut d'ores et déjà retenir aussi de cette exposition, c'est qu'elle a permis de mettre en lumière la diversité des terrains de recherche ainsi que les découvertes accomplies. Certaines sont même considérées comme capitales du point de vue des résultats obtenus dans la mesure où elles ont révolutionné des chapitres entiers de la préhistoire algérienne. Ces avancées, en effet, éclairent d'un jour nouveau l'ancienneté des cultures qui s'étaient épanouies sur des portions de territoire, œuvres des premiers hommes d'Algérie.
A noter que cette exposition a été le fruit d'une collaboration qualifiée d'enrichissante entre deux institutions phares : le musée et l'université. C'est, en effet, par l'implication des chercheurs de ces deux institutions que les résultats de fouilles archéologiques menées sur six (06) sites préhistoriques algériens ont pu être livrés.
Les six sites préhistoriques découverts
1-Aïn El-Hanech (Sétif) : 1,8 million d'années / Le site éponyme d’Ain El-Hanech, près de Guelta Zergua (El Eulma), découvert en 1947 par Camille Aramboug, a livré un grand gisement paléolithique. Les prospections récentes dirigées par le professeur Sahnouni depuis 1992 ont démontré que ce site constitue en réalité un complexe préhistorique composé du gisement paléontologique d'Ain Boucherit, du gisement paléolithique d'Ain El-Hanech ainsi que celui d'El Kherba, distant de 350 m du site principal
2-Errayah (Mostaganem) : 1 million d'années / Le site est localisé à 2 km au nord-ouest de la daïra de Sidi-Ali, dans les environs de la ville de Mostaganem. En 1996, lors des travaux réalisés par le professeur Derradji Abdelkader et son équipe de l'Institut d'Archéologie, ce site, qui continue d'être exploré, a livré un matériel lithique diversifié remontant à 1 million d'années.
3-Tighenif (Mascara) : 750.000 ans / Les restes du premier homme d'Afrique du Nord furent découverts de 1954 à 1956 par Camille Arambourg dans le site paléolithique de Tighennif (ex Palikao), situé à environ 20 km à l'est de la ville de Mascara.
4- Oued El Hadj (Mostaganem) : entre 150.000 et 40.000 ans / Ce site est situé à 6 km au nord-ouest de la commune d'Abdelmale Ramdane, à l'est de la ville de Mostaganem. Découvert par le professeur Derradji Abdelkader, sa disposition au sommet d'un plateau le porte à 500 mètres d'altitude.
5-Grotte de Taza (Jijel) : 14.000 ans / Depuis 1987, une équipe d'archéologues de l'Université d'Alger conduit des recherches systématiques dans la région de Taza (Jijel). Les investigations consistent principalement en des fouilles dans la grotte de Taza1 et des prospections dans des grottes préhistoriques limitrophes (Taza 2, 3 et 4). Toutes ces grottes reflètent deux différents périodes d'occupation humaine et de systèmes d'habitat ayant prévalu durant le pléistocène sur la côte littorale est algérienne.
6-Tin Hanakaten (Tassili n'Ajjer, Djanet) : 9000 ans av. J.-C. Ce site comporte deux abris sous roche que les populations préhistoriques utilisaient comme espaces d'habitats durant l'époque néolithique. L'occupation humaine s'y est développée pendant 10.000 ans. Les parois d'un abri avaient été utilisées pour l'expression de l'art rupestre des artistes de l'époque en question.
(*) Cet encadré est extrait d’un article qui a déjà été publié par le quotidien El Moudjahid du mercredi 23 mars 2016.
K. B.

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