Lors d'une rencontre présidée par la ministre de la Culture : engagement pour la sauvegarde du conte populaire

Une rencontre symbolique et porteuse d’espoir pour le conte en Algérie s’est tenue ce 23 septembre au Palais de la culture Moufdi-Zakaria. Présidée par la ministre de Culture et des Arts Malika Bendouda, cet événement a réuni des narrateurs venus des quatre coins du pays, aux côtés d’un jeune public, pour poser les jalons d’un ambitieux programme national dédié au conte populaire au sein des bibliothèques principales.

En présence de figures emblématiques de la narration telles que Kada Benchemissa et Sihem Kennouche, ainsi qu’une dizaine d’enfants, les échanges ont porté sur les défis majeurs auxquels fait face cette discipline ancestrale. À l’heure où l’image et l’interactivité numérique dominent l’univers des enfants, le conte oral semble relégué à l’arrière-plan, menaçant à terme une transmission intergénérationnelle qui véhicule une morale et de la sagesse.

Consciente de cette urgence, la ministre de la Culture a souligné que «le but de cette rencontre est que le narrateur devienne une composante essentielle des bibliothèques principales sur l’ensemble du territoire national». En effet, il s'agit non seulement de raviver une tradition, mais aussi de lui donner un espace institutionnel pérenne. Malika Bendouda a insisté sur l’importance de reconstruire le lien entre le patrimoine oral de nos aïeux et les nouvelles générations. «Il est important de créer cette osmose entre le patrimoine populaire oral, celui de nos grands-mères, et cette génération plus tournée vers les supports numériques», a-t-elle fait savoir.

Le programme envisagé se veut ambitieux, avec des objectifs multiples : réintroduire le conte dans la vie quotidienne des enfants, accompagner leur apprentissage à travers une programmation hebdomadaire dans les bibliothèques, mais aussi préserver et immortaliser cet héritage culturel menacé.

«Nous souhaitons transmettre la chaleur de l’ancien conte, sa magie et sa morale à travers un programme qui œuvre également à recenser, enregistrer et digitaliser l’héritage oral algérien», a-t-elle ajouté. Une plateforme numérique dédiée au conte est en cours de réflexion, de même que l’inclusion de contes populaires dans les ouvrages destinés aux enfants. Profitant de la rentrée scolaire, cette initiative s’inscrit également dans une démarche éducative et sociale : éloigner les enfants d’un usage excessif des écrans et leur redonner le goût de l’écoute, de l’imaginaire et du récit.

Enfin, la ministre a exprimé sa volonté de valoriser cette profession en voie de marginalisation, en annonçant la possible création d’un événement national, voire international, consacré aux narrateurs, dans le but de leur offrir une tribune et une reconnaissance à la hauteur de leur rôle dans la sauvegarde du patrimoine. «C’est une occasion historique pour les narrateurs de sauver leur corporation, mais également de sauver l’héritage oral de la disparition», a conclu Malika Bendouda, appelant à une mobilisation collective autour de ce pan essentiel de notre identité culturelle.

Les narrateurs ont unanimement appelé à créer la maison du contre et plaidé pour lancer des caravanes de contes à travers tout le territoire national. Rappelant sa dimension de «mémoire des peuples», des narrateurs comme Boulmerka et Belaid Hadjer de Tlemcen ont insisté pour que le conte soit inclus dans le cursus scolaire. D’autres intervenants ont mis en avant l’aspect thérapeutique du conte d’un point de vue psychologique et sociologique, notamment pour les trisomiques, autistes et les hyperactifs.

K. B.

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