
Dans cet entretien accordé à El Moudjahid, le DG de l’Académie internationale de musique et de la danse en Algérie «ACIMA», le maestro Amine Kouider, affirme qu’outre la formation, l’ecole ambitionne aussi de former des jeunes qui vont créer des start-up en écoles de musique, ce qui permettra la création de nouveaux postes d’emploi. Il dévoile également «la dimension socioculturelle» de l’académie au profit des enfants orphelins et défavorisés.
Entretien réalisé par N. Benrahal
El Moudjahid : Une première académie internationale de musique et de danse privée en Algérie. Pouvez-vous la présenter ?
Amine Kouider : L’Académie a ouvert ses portes le 3 avril dernier, mais le projet date de plusieurs années. Les gens ne savent pas une chose. Je me suis investi en tant qu’artiste – que ce soit comme chef d’orchestre ou comme chef de chœur –, en France et dans de nombreux pays, pour l’Unesco en faveur de la paix, grâce à un programme qui a pour ambition le dialogue des cultures entre l’Orient et l’Occident. Le métier du pédagogue, moi j’enseigne depuis l’âge de 19 ans, j’étais le plus jeune professeur au Conservatoire d’Alger et j’enseigne toujours depuis 30 ans. Je l’ai fait en Algérie mais aussi à l’étranger. Cette longue expérience m’a permis d’appliquer des techniques pédagogiques modernes qui aujourd’hui sont appliquées à l’étranger et aident les enfants à apprendre rapidement et efficacement. Cela est passionnant car on apprend beaucoup de choses et nous sommes là au service des autres. Il y a 3 ans, j’ai fait dans le cadre des concerts symphoniques, des concerts éducatifs pour les enfants dont un à Djanet au Sud-Est du pays. Cela s’inscrit dans le cadre d’un grand programme de l’opéra d’Alger au niveau de 25 wilayas, qui a touché 6.000 enfants. J’ai fait des concerts éducatifs, où j’ai présenté des instruments musicaux à 50.000 enfants sur six concerts. L’aspect pédagogique et éducatif est très important pour moi. En 2018, j’ai décidé de créer l’académie mais j’étais pris par un grand travail à l’opéra d’Alger mais avec la crise sanitaire du Covid et le gel des activités artistiques, j’ai décidé de mettre en œuvre mon projet à partir du mois de juin 2020 à savoir l’ACIMA qui est l’académie internationale de musique en Algérie, qui va s’étendre à d’autres wilayas…
Justement, nombreux souhaitent que cette initiative se perpétue partout en Algérie...
Bien sûr. On envisage l’ouverture d’antennes régionales. En premier lieu, ce sera à Oran à l’ouest. Les discussions sont très avancées et probablement ce sera en mois de juin prochain. Nous avons un programme avec le ministère du Tourisme à travers le groupe HTT (Groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme) , qui sont en train de mettre une culture dans ces lieux , d’ailleurs le siège de l’académie est au niveau de l’EGT centre –Sofitel El Hamma .
Qu’en est-il de la coordination avec le ministère de la Culture ?
Justement, c’est très important de le dire. Nous avons reçu les félicitations de madame la ministre de la Culture par rapport à notre Académie. Il y a un travail pour former des jeunes qui vont créer des Start Up en écoles de musique et vont prendre notre modèle qui sera exporté à d’autres wilayas. On va former ces jeunes dans la gestion des projets et on va les former pédagogiquement et donc ils vont représenter l’académie à travers les wilayas. L’objectif est de créer des postes d’emploi pour les jeunes musiciens grâce au programme avec le ministère de la Culture dans le cadre du forum de l’économie culturelle.
Quelles sont les formations dispensées par l’Académie ?
Les formations proposées par l’ACIMA sont variées. Il s’agit du piano, violon, flûte, saxophone, oud, percussions, basse, batterie, guitare, guitare électrique, chant lyrique, formation musicale solfège qui est obligatoire .En deuxième étape, la danse classique et contemporaine et direction d’orchestre. Notre académie a une particularité. Nous sommes en train de former les formateurs. Je récupère les musiciens notamment les jeunes et je veille à les former pour qu’ils deviennent des professeurs conformément aux nouvelles technologies et nouvelles techniques pédagogiques et ça est très important. Une autre particularité. Nous allons inviter des professionnels étrangers pour des conférences de formation. En raison du Covid, on va organiser des conférences visioconférences au profit de nos enseignants. Aussi, l’académie offre des formations aux professionnels qui souhaitent acquérir de nouvelles expériences et de nouvelles techniques. Nous proposons un apprentissage de la musique aux adultes amateurs, enseignement qui n’existe pas en Algérie. Cette formation leur donne le moyen d’apprendre à jouer d’un instrument, de chanter dans une chorale ou de faire de composer de la musique. Il faut savoir qu’il y a beaucoup d’adultes amateurs qui font de la musique amateur et qui ne trouvent pas le lieu adéquat. On a ouvert une classe pour eux au niveau de l’académie et bien entendu, elle est ouverte pour les adultes professionnels pour faire des stages de perfectionnement ou pour des stages d’ordre management soit une section de coaching et développement personnel. Elle est ouverte aux enfants de 6 ans à 17 ans et pour les adultes jeunes et amateurs. C’est une école qualifiante pas diplômant ouverte à tout le monde. L’autre particularité est « concert pour enfant », pour que les enfants apprennent à jouer et à faire des concerts éducatifs par des enfants et destinés aux enfants soit « musique enfant à enfant ».
Mais l’apprentissage musical n’est pas à la portée de tous les enfants...
Il y a une dimension socioculturelle au niveau de notre académie et nous considérons qu’elle est très importante pour l’équilibre des enfants. Nous avons lancé deux programmes. L’un est destiné aux enfants défavorisés. Il consiste en l’organisation de concerts éducatifs à titre gratuit et on va essayer de repérer à travers des journées portes ouvertes, les talents et les enfants doués, pour lesquels nous veillerons à trouver une bourse pour financer leurs études et en faire l’élite musicale de l’avenir. L’autre programme est social. Il s’agit d’un « parrain pour un orphelin». Il consiste à organiser des concerts dans les dans les orphelinats ou les regrouper dans des concerts pour les accompagner. Je tiens à signaler que ce programme est financé par Aicha Mokdahi présidente « d’Atlas Algerian Talent and Leaders Association ».
Un dernier mot...
La musique est très importante dans la société. L’éducation musicale permettra de créer les musiciens de demain et le public de demain. Elle aide l’enfant à évoluer plus rapidement et à lui donner de l’harmonie. Le médecin soigne le corps mais la musique soigne l’âme.
N. B.