Journée internationale de la langue arabe : Une commémoration et des reconnaissances

La Journée mondiale de la langue arabe vient de présenter une occasion pour reconnaître son immense apport à la culture universelle. Il s’agit d’une initiative de l’Unesco qui lui a donné son caractère officiel pour célébrer le multilinguisme et la diversité culturelle.

Ainsi que nous l’écrivions dans un précédent article paru dans El Moudjahid, la Journée mondiale de la langue arabe, le 18 décembre dernier, aura été une occasion non seulement de commémorer avec éclat cette date à travers la planète, mais aussi d’évoquer la lointaine origine de cette langue et ses multiples croisements, au hasard de l’histoire, avec d’autres langues, le français en l’occurrence.
D’ailleurs, ce qu’on peut d’ores et déjà retenir du croisement entre l’arabe et le français, c’est que «le français s’est développé de façon originale pour des raisons essentiellement politiques», alors que «l’arabe doit ses spécificités à l’histoire religieuse et à l’importance du Coran, livre sacré, dont le texte, selon la tradition, a été révélé à Mahomet (Mohammed, ndlr) par l’archange Gabriel et dont la forme définitive a été fixée juste après la mort du Prophète, vers le milieu du VIIe siècle».
On retiendra également que «l’attachement à ce livre culte s’est prolongé au cours des siècles auprès de toutes les populations islamisées, si bien que, malgré la diversification de la langue arabe au gré de l’expansion de l’Islam, le livre du Coran n’a jamais cessé de constituer un lien très fort entre tous les musulmans. On comprend dès lors l’importance que ces derniers ont attachée depuis l’origine à l’étude de leur langue, qu’ils considéraient comme sacrée».
On retiendra enfin que, «objet d’un intérêt passionné, la langue arabe est par ailleurs devenue le support d’un art de l’écriture où la lettre, habillée de dessins et d’arabesques, constitue le seul élément ornemental admis dans les palais et dans les mosquées».
Dès le Moyen-Age, l’arabe a beaucoup donné aux langues européennes.
Quand on (re) voit de façon rétrospective tout le chemin parcouru, on pourra observer que l’expansion de la langue arabe a marqué une pause vers la fin du Moyen- Age. L’époque qui suit le XIIIe siècle est d’ailleurs désignée dans les ouvrages de littérature et de langues arabe comme une période de «’inhitàt», «décadence» ou «léthargie». Cette situation ne prendra fin qu’au XIXe siècle, lors de l’expédition de Bonaparte (1798-1801) qui aura une influence directe sur la «renaissance» de l’arabe, en instaurant des relations diplomatiques et culturelles entre la France et l’Egypte».
Peu de temps après, «l’ouverture de certains pays arabes aux méthodes européennes d’enseignement scolaire sera à l’origine d’une «Renaissance arabe», qui aura lieu d’abord en Egypte et au Liban, et qui gagnera ensuite les autres pays arabes».
L’enseignement jusqu’alors étroitement lié à l’éducation religieuse musulmane commencera à perdre du terrain devant les établissements des missionnaires occidentaux et des écoles laïques. «Au niveau de l’enseignement primaire et secondaire, un grand nombre d’écoles sera créé dans les villes et les villages, où se développent des pratiques pédagogiques modernes».
Pour conclure, il faut savoir que «sur le plan des échanges linguistiques, si, dès le Moyen Age, l’arabe a beaucoup donné aux langues européennes, et au français en particulier, la tendance s’est inversée de façon très nette à partir du XVIIIe siècle, comme on peut le remarquer dans les mots arabes venus du français, qui sont particulièrement fréquentés dans les domaines de l’automobile, des produits de beauté, de l’alimentation et de la mode».

*D’après «Arabesques, l'aventure de la langue arabe en Occident», d’Henriette Walter et Bassam Baraké. Editions Robert Laffont/Editions du temps, Paris 2006. 350 p.
Kamel Bouslama

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De quelques mots français d’origine arabe

De nombreux mots arabes ont voyagé dans le temps et sont passés, soit directement, soit par l’intermédiaire de l’espagnol ou de l’italien, dans la langue française où ils sont couramment utilisés. Ici quelques-uns, dans cette petite histoire un peu loufoque déjà publiée dans «El moudjahid», mais qu’on redonnera à lire encore une fois avec plaisir : «Il était une fois un «amiral» qui sortait se promener ou faire des courses, habillé comme un «pacha» : il portait une «chemise» de «coton» couleur «safran», un «gilet» en soie ainsi qu’une cravate en «mousseline » parfumée au «lilas», des «babouches» blanches et une «chéchia» rouge vermeil.
Le tout agrémenté d’un magnifique «burnous» blanc. Il n’aimait que les «sorbets» aux «abricots», les «oranges», les «artichauts» et les «épinards» à la crème. Il terminait toujours son repas par une «tasse» de «café» dans laquelle il mettait plusieurs morceaux de «sucre» et une cuillerée de confiture de «pastèque». Sa femme, elle, avait une démarche de «gazelle». Elle portait le matin une «jupe» de «satin» couleur azur, l’après-midi un «sarouel» surmonté d’un «caftan» algérois et jouait souvent du «luth» et de la «guitare».
Le soir, l’amiral et sa femme faisaient des problèmes d’«algèbre» très difficiles et s’amusaient avec les «chiffres». Il lui racontait ensuite des histoires de «récifs» et d’«avaries» dans les mers lointaines, qui la faisaient frémir. Toutes les semaines, l’amiral allait faire les courses dans «l’arsenal» le plus proche ou dans le «magasin» du coin pour acheter du «talc», des gâteaux de «sésame» et de l’«alcool» à brûler. Avant qu’il ne sorte, sa femme lui rappelait : «Ne fais pas le «fanfaron» et ne traîne pas la «savate»! Enfile ta «gabardine» ! N’oublie pas ton «talisman» en «ambre» ni de seller ton «alezan» ! Je ne suis pas «maboul», lui répondait-il, pour faire le «zouave» dehors ; sinon tu m’aurais déjà emmené chez le «toubib» ; Je n’ai pas l’esprit à faire la «nouba», j’ai juste un peu le cafard. Je crois que je vais m’acheter un gros gâteau au «moka». Prépare-moi au retour une «carafe» de «sirop».
K. B.

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