Haut lieu culturel et cultuel : Béjaïa, la ville aux 99 saints

Béjaïa, avec tous les philosophes et chercheurs éminents qui y ont séjourné, ne renferme pas uniquement des monuments historiques des différentes occupations qu'elle a connues durant des siècles.

Béjaïa, ville sainte, compte des mosquées et des zaouïas à travers toutes les localités. La plupart des maîtres qui avaient choisi cette belle ville pour y étudier, y enseigner et y vivre n'ont pas détourné leur choix pour y mourir. Leurs tombes sont en grand nombre effacées par le temps dans le bois sacré qui fut le cimetière de Naciria, plus connu sous le nom de Djebel Khelifa. Considéré comme un lieu de pèlerinage, on y organise le 27e jour de Ramadhan de chaque année la prière collective en plein air, en occupant la grande route qui sépare le bois sacré du quartier «Les eucalyptus», plus connu sous le nom de quartier «Sebaâ Ouacherine». Certains de ces savants religieux enterrés à Béjaïa y ont laissé un souvenir attachant, et les habitants y ont érigé des mausolées et des mosquées, dont celles de Sidi Abdelhak et Sidi Souffi. Sidi Yahia et son père, tous deux savants pieux, reposent côte à côte dans un mausolée dominant la baie de Béjaïa. Sidi Abdelkader El Djilali est enterré dans l'ancien fort de la mer. Yemma Gouraya domine tout le paysage de son tombeau sur la crête de la montagne qui porte son nom. Non loin d’elle, Lala Yamina a son mausolée sur la pente de la même montagne ; les visiteurs qui affluent vers Gouraya ne délaissent jamais l'une au profit de l'autre. D’ailleurs, les Béjaouis ont toujours tendance à le répéter : «Il ne manque qu'un seul saint pour que Béjaïa en totalise cent et qu'elle éclipse La Mecque comme lieu de pèlerinage.» Ces mausolées et ces zaouïas reflètent les valeurs spirituelles des actions menées par de nombreux savants, à l'exemple de Cheikh Bel Haddad et Sidi Saïd Amsisen de Seddouk, Sidi Ahmed Ouhaddad à Akfadou, Sidi Ahmed Ouyahia Amalou, Sidi Adli à Tamokra, Cheikh Kacem Al Husseyni à Akbou, Sidi Boudrahem, Sidi El Mouhoub, Sidi Yahia El Aidli et autres. Les habitants continuent de visiter ces mausolées en apportant leur aide financière pour l'entretien des sites, mais surtout pour avoir la baraka de ces saints marabouts qui ont marqué l'histoire de la région. La perle de l’Afrique du Nord, qui a connu plusieurs civilisations, demeure la capitale des Hammadides et fut de tout temps un lieu de pèlerinage et une ville du savoir, une richesse culturelle inestimable dont une grande partie des vestiges est classée patrimoine culturel. A partir du puits de la paix «Bir Essalem», où les visiteurs faisaient leurs ablutions avant d’entrer dans la ville, Béjaïa, qui compte 99 saints, est citée comme la petite Mecque. Elle demeure jalousement accrochée à son histoire et à sa noblesse, bien gardée par la sainte Yemma Gouraya qui offrait à tous ses visiteurs sa baraka lors de leurs pèlerinages sur ce mont qui domine la mer à 630 mètres d’altitude.

M. Laouer

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