Festival international du cinéma d'Alger : Cinéma, mémoire et résistance

photo: Bilal
photo: Bilal

Le cinéma transmet, mémorise et fait rêver depuis plus d'un siècle en accompagnant l'humanité dans une démarche d'un art des plus passionnantes, émouvantes et influentes.  

Parmi les six focus thématiques du 11e FICA, la cinémathèque algérienne a abrité une rencontre-débat « Cinéma, mémoire et résistance », animée par un panel d'historiens, critiques et cinéastes. Il était question principalement de souligner l'importance pour un peuple de conserver sa mémoire et archives afin de résister contre les injustices et tentatives d'anéantissement identitaires à l'encontre des individus et des peuples. En présence de six réalisateurs dont les films portant sur le thématique ont été projetés le soir au palais de la culture Moufdi Zakaria, cinq d'entre eux portent en image les combats des peuples sahraouis et palestiniens dans leur lutte à conserver leurs cultures et identités.

Écrivain, scénariste, Boukhalfa Amazit revient sur la symbolique de la cinémathèque algérienne qui a évolué dans un contexte de combat inachevé. « L'Algérie considérait en 1962 que sa liberté serait complète avec l'entière décolonisation de l'Afrique. La cinémathèque s'est engagée naturellement du côté de ce qu'on appelait les causes justes ; le combat contre le colonialisme et les nouveaux objectifs du capitalisme et d'impérialisme.  Pour illustrer cette période, outre les mouvements de libération, la guerre du Vietnam (1955-1975) focalise son intérêt et illustre réellement le drame que continuent à subir les peuples d'Asie et d'Afrique », note-t-il. Il souligne le rôle du 7e art met en exergue des réalités non dites à la télévision d'où l'importance d'immortaliser le vécu et de résister pour conserver, restaurer et récupérer les archives filmiques et iconographiques. De son côté, Olivier Hadouchi, historien du cinéma, évoque la complémentarité de la fiction et du documentaire dans l'écriture historique et la conservation de mémoire tout en revenant sur l'importance de créer l'imaginaire et de documenter le réel. « Le documentaire ouvre des perspectives avec son aspect de vecteur de rêve et d'espoir et la fiction plonge le cinéphile, à travers l'émotion de l'imaginaire, dans l'histoire et lui propose un regard différent du sujet. Face au système impérial dominant, le cinéma enseigne sur la façon de stopper cette image imposée, comment créer des brèches et écrire ses propres histoires et contre-histoires », souligne-t-il. Rabah Slimani a présenté son dernier film « Wanabik, the people who live in front of his land », il accompagne des étudiants de l'école de cinéma des camps de réfugiés du Sahara occidental pour la réalisation du film de fin d'études dont le sujet est le mur de la honte érigé par le Maroc. Ahmed Mohamed Lamine a de son côté présenté un court-métrage sur les dangers des produits de beauté dérivés utilisés par les femmes sahraouies. La cause palestinienne a été au cœur du focus avec trois films, il s'agit de « Land day », « voix murées » et « Silkthreads », réalisées respectivement par Monica Maurer, Mehdi Belmechri et Walaa Saada. Le dernier film projeté a été l'œuvre de Viviane Candas « MarseilleS ». L'accès aux archives et leur prix élevé, les difficultés de production du cinéma engagé et les dangers de dénaturement de la colorisation cinématographique ont été évoqués aux débats.

Kader Bentounes

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