Exposition du duo Kamel Bellatrache et Maria Eltsova : Les richesses incommensurables de l’Algérie

Ph. Wafa
Ph. Wafa

De visu, c'est une magnifique exposition à la galerie Racim d'aquarelles de kamel Bellatrache et de peintures à l'huile de Maria Eltsova qui témoignent de leur indéniable talent. Cette exposition intitulée "la couleur parle toutes les langues" regroupe 75 oeuvres inédites entre aquarelles, peintures à l'huile, au crayon et au rotring.
Les ondoyantes couleurs des aquarelles de Kamel tranchent manifestement avec les marines baignées de luminosité de Maria. Tandis que Kamel cultive la couleur vive et ardente, Maria explore les variations subtiles de lumière et de clarté, conférant à leurs œuvres respectives une intensité frénétique et une réelle puissance. Ce duo d’artistes excelle dans l’art de manier la peinture, chacun avec ses thématiques de prédilection. Enfant de la Casbah, Kamel Bellatrache s’attache à restituer la mémoire vivante de son quartier à travers une série de 14 tableaux représentant les remarquables portes anciennes des maisons casbadjiennes. Rouge, orange, vert, marron : ces aquarelles traduisent son attachement à ce patrimoine. Chaque porte close ou entrouverte est une invitation, une plongée dans un passé plein de grandeur et d’authenticité. L’œuvre semble si vivante qu’on croirait franchir le seuil de ces demeures chargées d’histoire. À côté de cette série, l’artiste présente 19 dessins au crayon dédiés à son ami, le cinéaste feu Djamel Bendeddouche, en hommage au film Areski l’indigène. Ce storyboard dessiné, entre souvenirs et plans imaginés, donne à voir plusieurs séquences du film. « C’est mon deuxième hommage après celui à Azzedine Meddour », confie-t-il. S’ajoutent à cela quelques scènes du quotidien croquées au rotring, fragments de vie saisis avec sensibilité. Kamel cherche à inscrire dans la mémoire collective ce pan du patrimoine immatériel qu’il veut transmettre et préserver. Dans son propre registre, Maria Eltsova, venue de Russie, s’est prise de passion pour la lumière algérienne. Elle peint des paysages du M’zab, de Béjaïa et d’Alger avec une maîtrise remarquable. L’architecture de Ghardaïa, les marines méditerranéennes, les ciels oscillant entre gris et bleu s’imposent sur ses toiles. Par la finesse de son pinceau, elle révèle la lumière éclatante ou voilée, jouant avec l’intensité du bleu profond de la mer, tantôt calme, tantôt agitée. On pense parfois à Corot, tant ses harmonies sont travaillées avec subtilité. Fascinée par le Sud, Maria peint aussi le Targui à l’immense chèche, et la femme imzad dans une posture noble. Elle capte l’âme algérienne, sa chaleur humaine, sa générosité, ses traditions. Ses portraits mêlent technicité et authenticité avec une émotion palpable. Ce duo d’artistes, dans la finesse de leur geste comme dans la profondeur de leur regard, nous offre une exposition riche et sincère, à découvrir du 2 au 15 juin, pour mesurer toute l’étendue des beautés algériennes.

K. A.

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