
Subjuguée par tant de luminosité et de couleurs, Marthe Leus nous introduit d'emblée par sa peinture expressive dans l'Algérie profonde par la beauté des paysages et la magie de cette région des hauts-plateaux. A la découverte de ce pays, l'Algérie son pays d'adoption, elle veut donner une grande visibilité à cette contrée aux couleurs chaudes qui contraste énormément avec la froidure de sa Belgique natale.
Par sa peinture lumineuse et chatoyante, Marthe Leus offre un véritable ravissement au regard. Elle peint avec exaltation des paysages sublimes, des habits traditionnels aux riches textures, des personnages typiques empreints d’authenticité. Sa palette éclatante raconte un monde qu’elle découvre avec émerveillement et qu’elle restitue avec une joie communicative. Cette autodidacte, dont le talent ne fait aucun doute, trouve dans cet univers du Sud une source d’inspiration intarissable. Installée depuis près de quarante ans à Djelfa, Marthe s’est profondément immergée dans cette région. Elle y célèbre la beauté des lieux, l’accueil chaleureux de ses habitants, la lumière unique qui baigne les paysages. «Je ne peins pas par exotisme, mais par amour pour la lumière, les ambiances traditionnelles, les visages attachants et les villages où l’on porte encore le burnous et la kachabia», confie-t-elle. Ses œuvres, portées par des teintes chaudes — sable, ocre, brique — tranchent avec le vert noble des palmiers. Ses compositions, aussi vibrantes que suggestives, révèlent un regard sensible sur les coutumes et la vie quotidienne dans ce qu’elle nomme affectueusement «son petit coin de paradis». Fascinée par les marabouts, elle leur consacre une série entière, peinte à partir des photographies réalisées par son fils, Malek Kardel. Entre Djelfa, Touggourt et El Goléa, ces coupoles blanches surgissent du paysage désertique avec majesté. Marthe les représente en contraste avec le sable ocre et la verdure des oasis, avec une émotion sincère : «Je suis une fille du Nord, mais ces marabouts me touchent profondément.» Travaillant l’acrylique, le collage et les papiers népalais, elle compose des toiles aux nuances riches et lumineuses, entremêlant les couleurs avec une grande sensibilité. Sa palette — faite de bleu, vert, rouge, blanc, jaune, mauve et beige — confère force et harmonie à ses œuvres. L’exposition ne se limite pas aux tableaux : elle présente aussi des poupées en habits traditionnels, réalisées grâce aux conseils avisés des femmes de Djelfa. Des portes cochères en argile et des maquettes de marabouts complètent cet hommage à une culture qu’elle explore avec passion. Avec sa peinture rayonnante, Marthe Leus exprime son amour pour Djelfa, sa nature, ses gens, ses traditions. Une exposition sincère et vivante, qui sonne comme un vibrant appel à la découverte.
K. A.